mardi 3 août 2010

Interview Error 404 // Fanzine PARANOIA

Interview à paraître dans PARANOIA # 12 http://www.myspace.com/uncommonboyfrommars

Error 404 c’est 1 personne avec de nombreux intervenants. D’où t’es venu cette idée et pourquoi ne pas avoir fait un seul groupe ?

C’est la conséquence de plusieurs événements. J’avais été dans plusieurs groupes où, avec le temps, l’ambiance était vraiment devenue délétère, jusqu’à passer devant l’essence même du groupe. Ca, c’est quelque chose que j’ai du mal à admettre au fond de moi. D’un autre côté, je suis un fan de stoner et le concept des Desert Sessions me correspondait avant même que j’en entende parler. Des gars lâchent leur groupe pour se retrouver et enregistrer ensemble, un moment collectif sorti de nulle part. Même si tu veux t’embrouiller, là t’as pas le temps, t’es obligé de faire passer la musique avant. Ah ah. Donc, pas le choix, ça donne des chansons simples, où tout le monde a carte blanche et amène son truc à l’ensemble. Du dumb-rock quoi. On a enregistré en seulement une journée, pas de répétitions, et deux des chansons ont été mises en boîte avec leur première prise. On peut difficilement faire moins. Finalement, c’est recréer une dynamique de groupe à chaque fois, et c’est proche de l’esprit punk originel. Mais l’idée de multi-collaborations un peu opaque fait son chemin dans ma tête depuis 10 ans, ce n’est pas venu sur un coup de tête ou sur un effet de mode. Je sais bien que ce qui ressort de ce projet n’est pas parfait, ou aurait pu être amélioré, mais la spontanéité et l’urgence, c’est aussi un luxe aujourd’hui. J’écris des chroniques de disque dans des fanzines et la moindre démo sur CD-R a un gros son lissé et aseptisé. On peut voir ce projet comme une poche de résistance, un truc comme ça. Ou du pur nihilisme.

Par rapport à ton nom, tu penses vraiment que l’on nous cache des choses ?

Je vais te dire, je l’espère. J’ai grandi dans un coin vraiment rural, plus ou moins le seul kid dans les parages, et les seuls trucs qui m’ont toujours fait rêver, ce sont tous ces mystères et les trucs cachés. L’allégorie du donjon de Barbe Bleue, tu vois. Il donne la clé à sa femme, mais lui dit de ne jamais ouvrir la porte. L’interdit, le secret, c’est forcément plus marrant que les infos et la vraie vie. Je crois que tous les nerds, tous les mecs qui font les fanzines conspirationnistes aussi, vivent avec cette idée. Certains fans de Star Trek apprennent à parler klingon, alors qu’il y a peu de chances qu’ils en aient besoin un jour, à part au Comic-Con peut-être. Mais attention, c’est léger hein, plein d’ironie et de dérision. C’est avant tout un truc de passionné. Nick Hornby (qui a écrit High Fidelity) a dit : « je me méfie toujours des gens qui ne sont fans de rien ». Bref, quand j’ai dû trouver une idée pour ce groupe à effectif tournant, je me suis dit que ce serait une bonne idée de baser le truc sur la conspiration, etc. Un groupe où on ne sait jamais qui est dedans, ça fait très Men in Black ou heures obscures de la CIA. C’est vraiment le nerd qui parle aux nerds, mais c’est aussi une facilité. Imagine que je commence à donner un pedigree à chaque version du groupe, comme Deep Purple. Error 404 mark II, Error 404 mark III. On ne s’en sortirait pas. En même temps, tu viens peut-être de me donner une idée là. Pour revenir à ta question, Error 404 est le nom que j’ai choisi en pensant à cette page internet vers laquelle on te dirige quand le lien est inexistant ou n’est plus valide. Je me suis dit qu’un fanzine conspirationniste aurait pu en faire un dossier bien fédérateur. Genre « on nous ment, on nous interdit juste de consulter une information cruciale ». Dans la pure lignée de ce que peut faire la Chine ou la Corée du Nord en ce moment. Bon, il faut un peu éclipser le fait que ça peut t’arriver sur une page de l’Equipe.fr hein, et c’est crédible.

Il y a un nom qui revient souvent c’est John Doe. Qui est ce personnage ?

« John Doe », c’est le nom sous lequel les anglophones enregistrent les gens « sous X ». Mais il n’y a pas de concept super relou et pompeux. Au mieux, toujours cette histoire d’egos. ‘We are all John Does’, c’était pour dire que nous n’étions personne. Nous n’avons pas de visage, pas de passé dans d’autres groupes. Ca importe peu le qui fait quoi. C’était aussi pour lutter contre la vague actuelle du rock, le côté image qui prime. J’ai partagé la scène avec des groupes qui se prenaient pour des stars après leur cinquième concert… D’un bar à l’autre, quand tu parlais de ces groupes, personne ne les connaissait. Tu vois le truc. Après bon, on est 6 milliards d’humains sur Terre, et chacun fait quelque chose bien à lui. Penser que ce qu’on fait à notre petite échelle est crucial, ça me semble être une belle connerie.

Sur le MySpace, tu as une liste d’influences impressionnantes, que t’ont elles apporté ?

Je suis un nerd. Au sens clinique du terme. J’ai des obsessions vraiment chronophages, et je n’ai jamais fait le tri. C’est du crossover culturel, un truc comme ça. Beaucoup d’influences interviennent quand j’ai une idée mais je ne fais jamais de distinction entre un film, une série, un groupe ou un bouquin. Je ne suis pas ce qu’on pourrait définir de « musicien ». C’est le produit fini qui m’a toujours fait rêver. J’aurais pu faire des BDs, des documentaires, écrire des bouquins. Ca m’aurait permis d’insérer pas mal de mes références aussi, mais la musique a toujours été ce qui m’a le plus passionné. Des trucs très minimalistes, comme les Stooges, les Misfits, les Ramones avec un côté concis et un format chanson. J’adore le faux premier degré. J’aime quand il se passe quelque chose en dehors de la scène aussi. Turbonegro, Kiss, Nine Inch Nails, Elvis : ce sont des gens qui peuvent passionner un public qui n’a jamais entendu une seule note de leur truc. C’est paradoxal hein, je devrais défendre le côté musical, mais c’est un côté « pop culture » que j’aime sincèrement. Après, qu’est ce qu’elles m’ont apporté !? Je crois que notre génération est plus dans la référence que dans la création. Donc j’ai envie de dire « tout ». Sur le EP, le « Punishment Park » de Peter Watkins ou le cascadeur Evil Knievel ont autant compté que des disques, donc c’est dur à dire. Je te dis, notre génération a tellement de références que l’originalité est devenue très utopique. A vrai dire, le but ultime de ce groupe c’est de devenir Electric Mayhem, le groupe d’Animal des Muppets… Non, mais vraiment, j’aime les trucs secs et radicaux. Je n’ai pas envie de rajouter underground, parce que le terme est dévoyé. Alors, disons que les Wipers sont un excellent compromis à ce que je voudrais exprimer. Même si le groupe est définitivement plus proche de Fu Manchu.

La suite pour Error 404 ?

Reconstituer le groupe d’un jour. Puis continuer comme ça, multiplier les sorties, dans un mode old-school. J’aimerais sortir un 45 tours chaque fois qu’on a deux chansons dans la boîte, comme le faisaient les rockers 50s et les punks plus tard. Je pense que le prochain EP sortira sur cassette audio, repiquée à la main. J’ai une vraie nostalgie des mixtapes de notre adolescence.

Vous pouvez retrouver le MySpace du groupe @ www.myspace.com/wearealljohndoes

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