vendredi 29 octobre 2010

Home made

Avec Louise, on a créé le groupe SILLY WALKS (oui, d'après ce terrible sketch des Monty Python). Plutôt ludique, pas de projet carriériste dans le sillage du succès de She & Him et Isobel Campbell et Mark Lanegan. Le concept du jour était d'enregistrer la même chanson, mais chacun dans sa propre version.


jeudi 21 octobre 2010

Tiens, une autre étiquette musicale a changé de job …

Ces derniers temps, on peut constater un amalgame entre le stoner et ses parents, le métal 70s et le psych-rock. Les derniers qui y avaient échappé étaient les Black Angels... depuis, c'est le foin.

On a réagi à l'écoute de Tweak Bird l'autre jour à Total Heaven. Ces gars sont présentés comme un groupe de stoner. En bons amateurs du genre, on déplorait la glissade. Les groupes veulent faire du stoner clean, sans bien avoir appréhendé d'où tout ce bordel venait. Les par ailleurs très bons bordelais de Mars Red Sky se sont vus coller une étiquette stoner alors qu'aucun d'entre eux n'en a jamais écouté. Après l'examen de la platine, il s'avère que le groupe fait du psych rock avec un chant pop. La critique est formelle, bien sûr. Il ne s’agit pas de critiquer les groupes, mais leur labellisation. Si on vous vend du « beurre » et qu’arrivé à la maison, vous vous retrouvez avec du savon, vous allez l’avoir de travers. En plus d’un goût ambigu dans la bouche.




Led Zep était passé d’une étiquette hard rock à simplement rock, et le groupe est aujourd’hui considéré comme du classic rock. Un decrescendo (euphémisme) dans la virulence perçue alors que les chansons n’ont pas bougé depuis leur enregistrement. Mais l’opération s’est faite par l’érosion du temps, pas par amalgame. C’est bien là qu’est le problème.




Par facilité, dès que la chanson descend en dessous de 100 bpm et qu'il y a une note de basse, les gens appellent maintenant ça « stoner ». J'ai eu ce genre de problème à la radio. Les gens assimilent ce que tu passes à « du stoner » - au passage ils te collent une image de bas du front assez étrange - et tous les morceaux que tu vas passer après sera « du stoner » ... Black Keys, Radio Moscow, the Sword, les Datsuns, Danzig, Mudhoney... stoner et encore stoner ... !? Le terme stoner commence à être dévoyé: dès qu'on entend de la basse ou un arrangement qui sonne lourd, "stoner". Je pense aussi que c’est pour ça que la scène originelle préfère le terme « Desert rock » maintenant.


C'est vraiment autre chose que ça. La psyché sonne stoner car il y a beaucoup d'inspiration psyché dans le stoner. Notamment les jams. Je pense justement que le stoner doit rester un mouvement mineur orchestré par des slackers altruistes et modestes. Pas une multi référence mal renseignée. Si ça arrive, c'est aussi parce que les groupes stoner imposent un nouveau standard aux groupes plus ou moins metal, qui ne peuvent plus se permettre d'être moins "heavy" que ces branleurs du désert/ skaters californiens.

(oui, les répétitions du terme sont voulues. Cest une mise en abyme de ce que je dénonce. Orson Welles-ien, non ?)




Il y a bien sûr du crossover. Nebula, par exemple, injecte une bonne dose de psyché dans sa musique, et n’est pas traumatisé par des morceaux étirés par des impros et une voix gorgée de reverb. Fu Manchu de son côté est plus influencé hardcore et refile des morceaux de durée standard et un chant sec. Le stoner n’obéit pas à une recette unique, un peu comme le punk new yorkais 70s. Le problème actuel est que tout ce qui se trouve dans le spectre psyché / power metal (c'est ... large, quand même), les gens le résument depuis 2 mois à "stoner". Ca m'incommode. Notamment de la part de gens qui viennent de la pop, et que leur avis soit déversé au bistro ou dans les colonnes de la presse. C’est un phénomène que l'on observe depuis quelques temps. Ce qui est étrange, c'est que les gens appellent aussi bien "stoner" les Black Angels ou the Sword. Gasp ! Un amalgame aussi ahurissant n'avait pas été fait depuis le grunge... Stone Temple Pilots, du grunge ? Tu dois sacrément te foutre de ma gueule, là.





On va appeler ça flux et reflux, mépris d'un côté, hype de l'autre, sans aucune séparation, laissé à l'arbitraire du mal informé... à l’avis du gars pas forcément intéressé, surtout. Un mouvement né dans la crasse et jugé dans les Inrocks, en somme.

Le révélateur est en fait assez rapide, il suffit de lire ou d'écouter les influences des gars: si apparaissent QOTSA / Black Sabbath au milieu de trucs improbables, c'est du fake. Josh Homme, en partant de Kyuss, a fait trois albums stoner en y amenant la digression d’un chant déviant. Mais QOTSA est connu par le mainstream depuis qu'il a abandonné toute vélléité lourde. Les vrais groupes stoner sont restés dans l'ombre, ces mecs ont un boulot à côté et un altruisme plein d'humilité. Un sous-genre Mexicano/white trash. Les guitares aux tonalités basses, les boucles hypnotiques, le tempo lourd, la batterie étonnamment très tonique, le minimalisme ambiant, des mecs qui n’ont pas le moindre plan de carrière et une grosse base du rock 70s. Ca, c’est du stoner™.



Le pire, c'est que le stoner, ce mouvement paria, plus indé que le mouvement le plus indé vu que son côté instinctif est méprisé par les bien pensants, parti du désert californien, va finir par devenir hype...

jeudi 23 septembre 2010

DANZIG // Deth Red Sabaoth



L’image de Danzig a toujours été faussée. Les a priori… C’est devenu old school de creuser, d’aller chercher les éléments autour d’un simple disque, ce qui est évidemment le moyen de décoder le qui/quoi/comment qui est essentiel (hors artistes Fun Radio) autour des 8-12 morceaux toujours un peu opaques. La génération MP3 colle à la philosophie fonctionnelle de son support. Le culte du single, de l’unité plutôt que de l’ensemble. L’immédiateté aussi, moins de patience et un jugement qui peine à dépasser l’intro si elle n’est pas assez accrocheuse. La menace du support jetable car gratuit : l’épée de Damoclès 2.0 ! La baisse des attentes culturelles, c’est une menace autrement plus virulente que la supposée baisse des ventes. La voie royale pour les a priori, donc.
Parce que bon, d’où vient Glenn Danzig ? Du punk radical et minimaliste des Misfits. Le charme d’une bouillie nihiliste et misanthrope sur laquelle on colle une voix mélodique complètement hors de propos. Mais c’est sûr, les muscles désorientent l’œil et éloignent l’oreille. Henry Rollins et Glenn Danzig sont américains. Ils sont irréprochables niveau background mais on est loin des branches de noisetiers vernies au malt anglais qui ont établi le standard punk définitif. Plus proche de la contre-culture US, si on se donne la peine de passer la première impression. J’imagine que c’est le même sentiment quand un blanc d’ un mètre soixante se ramène sur un playground du Bronx.




C’est triste au fond, ce gars est vu comme un bas du front unidimensionnel, une persistance rétinienne des années heavy métal. Au fond, il reste un punk profondément nerd. Quand il a été question de lancer la version Hollywood des X-Men, Marvel a aussitôt fait appel à Glenn Danzig pour incarner Wolverine. Le candidat idéal et 3 heures de maquillage par jour en moins si on le compare à Hugh Jackman. Il refuse aussitôt. « Je suis un musicien et je n’ai pas besoin, comme les autres acteurs, de tourner n’importe quoi. Je ne veux pas que mes fans se déplacent dans un cinéma pour me voir dans un film de merde. »




Aussi indé qu’un amateur de B-movies et propriétaire d’une boîte d’éditions de horror-comics (Verotik) puisse l’être, quoi. Pas une once d’Ozzy Osbourne chez Glenn Danzig.
Je n’ai toujours pas parlé du disque. On écoute différemment un album selon les pompes qu’on enfile, j’imagine. C’était plus constructif de tout remettre à plat, et si j’étais passé dessus, je serais passé pour un redneck décérébré en pleine régression teenageophile à parler de cet album périmé avant de naître.
Quand tu écoutes une chiée de disques, ça devient rare de remettre un album dès qu’il est terminé, back to back. Une semaine, puis deux. Ca m’était arrivé avec Songs for the deaf de Queens of the Stone Age, par exemple, ou Nevermind en 1991. Live after Death, d’Iron Maiden aussi. Sûrement qu’il y a des facteurs récurrents dans tous ces trucs, mais Freud est mort. Tout ce qui est rare est notable, j’imagine. Ca valait bien cette chronique étirée.
L’album, donc. Les premières minutes d’écoute sont assez étranges. Il faut un temps d’adaptation, clairement. Il aurait été facile de faire une grosse production et de gonfler une voix au coffre vieillissant. Mais Danzig gère plus ou moins comme il le fait depuis les Misfits. Guitare, basse, batterie et une voix improbable mixée à contre-courant. Back to basics, pas de fioritures et les failles deviennent autant de monuments d’authenticité. Vu de loin, je pense que le but était de repartir sur les traces de ce qui avait fait le succès de Danzig et Danzig II, mais Glenn D est trop intelligent pour ne pas voir que le contexte n’est pas le même. Le métal tel qu’il existait à l’époque est mort et le disque a calqué sa courbe sur celle de son collègue. Au final, on retrouve un gars plus proche du Danzig sombre des Misfits que du prophète pour teenagers de ces deux albums là.




Deth Red Moon, the Revengeful ou Hammer of the Gods sont des classiques instantanés. Left Hand Rise Above est déchirant d’honnêteté. Je n’ai pas la moindre idée de quoi peut bien parler cette chanson, mais ce mec a dû se faire plaquer un bon paquet de fois. L’album dégage un sentiment très mélancolique, en lien direct des baffles aux tripes. Les chroniqueurs pressés résumeront ça par « épique » mais vu que le disque est coincé dans une cave, entre une bière tiède et l’anthologie comics de Green Lantern, ça ne me semble pas très approprié. Des killer songs, donc, qui portent l’album à des hauteurs dont on ne pensait pas Glennounet capable. En creux, c’est bon signe, puisque la plupart des critiques sur le web crient au génie devant d’autres morceaux comme On a Wicked Night, Ju Ju Bone ou Night Star Hel. La qualité partage. La médiocrité a plus tendance à être très fédératrice quand on chronique un disque.
En fait, le plus évident, c’est ce sentiment qui perdure. Ce n’est pas pour rien que Danzig a écrit Thirteen pour Johnny Cash. Même parcours hors des clous, même personnalité crépusculaire, même indépendance vis à vis de sa famille musicale. La nostalgie qu’on ressent à l’écoute de Deth Red Sabaoth pourrait durer pas mal de temps si on en croit Danzig. La question du magazine était : avez-vous déjà un plan pour le prochain album ?
“I don't know, we'll see. With the way record sales are now, and who knows? I mean, besides, I won't do some stupid pro-tool record in someone's living room where all the drum beats are stolen from somebody and just mashed together...and I'm not going to do that if I can't do a record how I want to do it, and if it's not financially feasible, I'm just not going to do one.”
Tout ce qui est rare est notable…

mardi 24 août 2010

THINKIN’ OUT LOUD

Ce qui est bluffant chez des groupes comme les Ramones, c’est cette persévérance qui emprunte à l’entêtement. Ces groupes monomaniaques, qui répètent à l’envi le même album, ne perdent jamais le cap. Les fans participent au processus, entre soutien indéfectible et garde-fou incorruptible. Si un album venait à changer de direction, les réactions seraient aussitôt épidermiques. Sur le tard, c’est ce qui était arrivé aux parrains de la ligne droite. Les Ramones avaient sorti un « Mondo Bizarro » par exemple qui sentait le genou à terre.

Ce qui est appréciable avec Fu Manchu, c’est le côté « Never Say Die ». Ne jamais renoncer. Ne jamais dévier. Le groupe de San Clemente s’autorise un demi-tour dans la ligne droite. Eux aussi ont eu leur « Mondo Bizarro ». California Crossing, 2001. Une production à l’assaut des radios, et Scott Hill qui ne digère jamais vraiment qu’on ait joué avec son pragmatisme. Au lieu de continuer comme si de rien n’était, et malgré le chemin parcouru depuis, le groupe décide de ressortir les démos originales, remixées par leur soin. Histoire de montrer que les intentions étaient bonnes et qu’eux n’avaient jamais changé. California Crossing ne sera jamais leur meilleur album, et ils ne le considèrent même pas comme tel, mais l’intégrité ne connaît pas de prescription de ce côté-ci du skate-board.




En plus de cet acte rédempteur que j’apprécie au plus haut point, Fu Manchu fait dans la verticalité. Proposés par mail aux seuls fans dans un premier temps, puis envoyés par Scott Hill lui-même (il a signé le bon des douanes). 2 stickers sont accrochés avec un sparadrap sur le vinyl, à la manière d’un adolescent qui torche son premier fanzine. De l’auto production pure, la pochette ne comporte aucun label. Puis le retard, les problèmes de slackers qui envoient un truc sur le vieux continent, les mails échangés au parfum « it’s ok, man. I think it’s somewhat fixed by now. » Fu Manchu a 20 ans cette année et se comporte encore comme un groupe de garage de banlieue white trash. Le vinyl a plus de poids. C’est mieux d’avoir 14 ans à plusieurs.

La petite histoire aussi, avec son lot de drama. Après la sortie de « In search of », Scott Hill est seul. Glass et Romano préfèrent le versant jams psychédéliques du stoner, Hill tient au format brut et non-extensible du hardcore. Ils partent et vont former Nebula. Après le split de Kyuss en 1997, Brant Bjork rejoint Fu Manchu. Avec les arrivées simultanées de Balch et Davis, le groupe trouve son line-up classique. Le plus efficace. En 2000, Brant Bjork veut partir faire son truc solo, et lâcher les baguettes pour empoigner définitivement la guitare. Il en parle depuis longtemps au groupe et n’aurait donc jamais du enregistrer ce disque, mais sa loyauté le fait rester tant que ses potes n’ont pas trouvé le remplaçant idoine. Il enregistre comme prévu, mais l’album sera défendu sur scène par l’ex-Smile Scott Reeder, toujours dans le groupe aujourd’hui, mais ironiquement sous la menace quotidienne de son homonymie avec le bassiste de Kyuss. Brant Bjork aura un peu été le Mick Taylor de Fu Manchu. Les Stones avaient sorti leurs meilleurs albums avec Taylor, finissant sur un contestable « It’s only rock’n’roll ». Brant Bjork aura participé grandement (plus qu’un simple batteur, c’est un compositeur très sûr) aux classiques du groupe « The action is go », Eatin’ Dust » et « King of the road » avant de partir sur un « California crossing » crève cœur pour les fans hardcore.

C’est étrange un meuble de disques parfois. On a tous des disques préférés, des disques qu’on évite car ils nous rappellent des sales moments, et des disques qui marquent des périodes de notre vie. Il y a aussi des disques qui comptent de pleins de manières comme celui-ci, sans qu’on les aime pour autant. Les histoires autour d’un disque font aussi partie du package sûrement, un peu comme cette connerie largement rebattue de silence après la musique qui est encore de la musique etc.

D’emblée, ce qui est marrant, c’est que la pochette de ces démos colle parfaitement au but recherché : oui, c’est le même disque, mais l’angle de vue est différent. Great !






Je ne vais parler que de ces versions démos, sans les comparer de façon fastidieuse avec celles sorties en 2001 et qui resteront dans la discographie officielle – quoique fasse Scott Hill.

Ce qui avait le plus choqué les fans à la sortie du disque, c’était le fait que certaines chansons avaient des refrains aux mélodies vraiment travaillées (Separate Kingdom, Thinkin’ out loud). Chose impensable pour le groupe. Pas de quoi le faire basculer du mauvais côté, même si la culture skate est très présente (Downtown in dogtown, Ride to live (live to ride) ). Le disque contient quand même deux énormes classiques du groupe : Mongoose et Squash that fly. C’est d’ailleurs à partir de California Crossing que Fu Manchu calquera inconsciemment son œuvre sur celle des Ramones. Road to ruin est l’exemple qui me vient là comme ça. Deux classiques par disque, deux ou trois chansons dans la lignée de ce qu’ils ont fait précédemment, histoire de faire le lien, et le reste de remplissage. Des slackers, on disait. Certains voient un charme inimitable là où d’autres verront de l’amateurisme grossier. Les chansons qui ont le plus bénéficié de cette ressortie sont sans problème Ampn’, California Crossing et Hang on (qui n’avait sur l’original aucun intérêt) même si le résultat est très présent mais plutôt diffus. C’est vraiment l’ensemble qui laisse une meilleure impression. Le disque a droit à son retour avec les honneurs dans la discographie monolithique du Fu.

Cool. J’ai réussi à parler du disque sans employer les termes exagérés de fan consterné, « skate punk » et « hard FM ». Auto-censure et âge de la maturité.


Last but not least: la vidéo de Squash that fly

mardi 3 août 2010

Interview Error 404 // Fanzine PARANOIA

Interview à paraître dans PARANOIA # 12 http://www.myspace.com/uncommonboyfrommars

Error 404 c’est 1 personne avec de nombreux intervenants. D’où t’es venu cette idée et pourquoi ne pas avoir fait un seul groupe ?

C’est la conséquence de plusieurs événements. J’avais été dans plusieurs groupes où, avec le temps, l’ambiance était vraiment devenue délétère, jusqu’à passer devant l’essence même du groupe. Ca, c’est quelque chose que j’ai du mal à admettre au fond de moi. D’un autre côté, je suis un fan de stoner et le concept des Desert Sessions me correspondait avant même que j’en entende parler. Des gars lâchent leur groupe pour se retrouver et enregistrer ensemble, un moment collectif sorti de nulle part. Même si tu veux t’embrouiller, là t’as pas le temps, t’es obligé de faire passer la musique avant. Ah ah. Donc, pas le choix, ça donne des chansons simples, où tout le monde a carte blanche et amène son truc à l’ensemble. Du dumb-rock quoi. On a enregistré en seulement une journée, pas de répétitions, et deux des chansons ont été mises en boîte avec leur première prise. On peut difficilement faire moins. Finalement, c’est recréer une dynamique de groupe à chaque fois, et c’est proche de l’esprit punk originel. Mais l’idée de multi-collaborations un peu opaque fait son chemin dans ma tête depuis 10 ans, ce n’est pas venu sur un coup de tête ou sur un effet de mode. Je sais bien que ce qui ressort de ce projet n’est pas parfait, ou aurait pu être amélioré, mais la spontanéité et l’urgence, c’est aussi un luxe aujourd’hui. J’écris des chroniques de disque dans des fanzines et la moindre démo sur CD-R a un gros son lissé et aseptisé. On peut voir ce projet comme une poche de résistance, un truc comme ça. Ou du pur nihilisme.

Par rapport à ton nom, tu penses vraiment que l’on nous cache des choses ?

Je vais te dire, je l’espère. J’ai grandi dans un coin vraiment rural, plus ou moins le seul kid dans les parages, et les seuls trucs qui m’ont toujours fait rêver, ce sont tous ces mystères et les trucs cachés. L’allégorie du donjon de Barbe Bleue, tu vois. Il donne la clé à sa femme, mais lui dit de ne jamais ouvrir la porte. L’interdit, le secret, c’est forcément plus marrant que les infos et la vraie vie. Je crois que tous les nerds, tous les mecs qui font les fanzines conspirationnistes aussi, vivent avec cette idée. Certains fans de Star Trek apprennent à parler klingon, alors qu’il y a peu de chances qu’ils en aient besoin un jour, à part au Comic-Con peut-être. Mais attention, c’est léger hein, plein d’ironie et de dérision. C’est avant tout un truc de passionné. Nick Hornby (qui a écrit High Fidelity) a dit : « je me méfie toujours des gens qui ne sont fans de rien ». Bref, quand j’ai dû trouver une idée pour ce groupe à effectif tournant, je me suis dit que ce serait une bonne idée de baser le truc sur la conspiration, etc. Un groupe où on ne sait jamais qui est dedans, ça fait très Men in Black ou heures obscures de la CIA. C’est vraiment le nerd qui parle aux nerds, mais c’est aussi une facilité. Imagine que je commence à donner un pedigree à chaque version du groupe, comme Deep Purple. Error 404 mark II, Error 404 mark III. On ne s’en sortirait pas. En même temps, tu viens peut-être de me donner une idée là. Pour revenir à ta question, Error 404 est le nom que j’ai choisi en pensant à cette page internet vers laquelle on te dirige quand le lien est inexistant ou n’est plus valide. Je me suis dit qu’un fanzine conspirationniste aurait pu en faire un dossier bien fédérateur. Genre « on nous ment, on nous interdit juste de consulter une information cruciale ». Dans la pure lignée de ce que peut faire la Chine ou la Corée du Nord en ce moment. Bon, il faut un peu éclipser le fait que ça peut t’arriver sur une page de l’Equipe.fr hein, et c’est crédible.

Il y a un nom qui revient souvent c’est John Doe. Qui est ce personnage ?

« John Doe », c’est le nom sous lequel les anglophones enregistrent les gens « sous X ». Mais il n’y a pas de concept super relou et pompeux. Au mieux, toujours cette histoire d’egos. ‘We are all John Does’, c’était pour dire que nous n’étions personne. Nous n’avons pas de visage, pas de passé dans d’autres groupes. Ca importe peu le qui fait quoi. C’était aussi pour lutter contre la vague actuelle du rock, le côté image qui prime. J’ai partagé la scène avec des groupes qui se prenaient pour des stars après leur cinquième concert… D’un bar à l’autre, quand tu parlais de ces groupes, personne ne les connaissait. Tu vois le truc. Après bon, on est 6 milliards d’humains sur Terre, et chacun fait quelque chose bien à lui. Penser que ce qu’on fait à notre petite échelle est crucial, ça me semble être une belle connerie.

Sur le MySpace, tu as une liste d’influences impressionnantes, que t’ont elles apporté ?

Je suis un nerd. Au sens clinique du terme. J’ai des obsessions vraiment chronophages, et je n’ai jamais fait le tri. C’est du crossover culturel, un truc comme ça. Beaucoup d’influences interviennent quand j’ai une idée mais je ne fais jamais de distinction entre un film, une série, un groupe ou un bouquin. Je ne suis pas ce qu’on pourrait définir de « musicien ». C’est le produit fini qui m’a toujours fait rêver. J’aurais pu faire des BDs, des documentaires, écrire des bouquins. Ca m’aurait permis d’insérer pas mal de mes références aussi, mais la musique a toujours été ce qui m’a le plus passionné. Des trucs très minimalistes, comme les Stooges, les Misfits, les Ramones avec un côté concis et un format chanson. J’adore le faux premier degré. J’aime quand il se passe quelque chose en dehors de la scène aussi. Turbonegro, Kiss, Nine Inch Nails, Elvis : ce sont des gens qui peuvent passionner un public qui n’a jamais entendu une seule note de leur truc. C’est paradoxal hein, je devrais défendre le côté musical, mais c’est un côté « pop culture » que j’aime sincèrement. Après, qu’est ce qu’elles m’ont apporté !? Je crois que notre génération est plus dans la référence que dans la création. Donc j’ai envie de dire « tout ». Sur le EP, le « Punishment Park » de Peter Watkins ou le cascadeur Evil Knievel ont autant compté que des disques, donc c’est dur à dire. Je te dis, notre génération a tellement de références que l’originalité est devenue très utopique. A vrai dire, le but ultime de ce groupe c’est de devenir Electric Mayhem, le groupe d’Animal des Muppets… Non, mais vraiment, j’aime les trucs secs et radicaux. Je n’ai pas envie de rajouter underground, parce que le terme est dévoyé. Alors, disons que les Wipers sont un excellent compromis à ce que je voudrais exprimer. Même si le groupe est définitivement plus proche de Fu Manchu.

La suite pour Error 404 ?

Reconstituer le groupe d’un jour. Puis continuer comme ça, multiplier les sorties, dans un mode old-school. J’aimerais sortir un 45 tours chaque fois qu’on a deux chansons dans la boîte, comme le faisaient les rockers 50s et les punks plus tard. Je pense que le prochain EP sortira sur cassette audio, repiquée à la main. J’ai une vraie nostalgie des mixtapes de notre adolescence.

Vous pouvez retrouver le MySpace du groupe @ www.myspace.com/wearealljohndoes

lundi 2 août 2010

We like it geek

Weirdos never sleep !
Tant mieux. Et ce n'est pas en ces temps de Comic-Con qu'on va le regretter.

# D'abord ce film de zombie interactif.
A vous de faire les bons choix pour vous frayer un chemin jusqu'à la fille et rester plus ou moins intact. Perso, je suis mort deux fois. Ca semble être le minimum car le scénario joue habilement sur les codes du film de mort-vivants. C'est de la pub virale pour une chaîne de pizzas néo-zélandaises, mais c'est vraiment très bien fait. Pas mal de références, surtout à Romero et donc au jeu Resident Evil, mais c'est vraiment drôle. Au milieu de la mode survival très inégale, ça tient étonnamment la route.

http://www.youtube.com/watch?v=9p1yBlV7Ges&feature=player_embedded


# Un fan des Pixies a organisé un hommage all-star pour son groupe fétiche. Partons du postulat à la Sliders (la série où les gars sautent d'une dimension à l'autre en essayant de rentrer chez eux) que les classiques "Hey", "Wave of Mutilation", "Vamos" aient été écrits par Prince, les Beach Boys ou Elvis... Cet anglais, décalé mais pas maladroit, imagine le résultat dans cette dimension parallèle.

La page MySpace pour se faire une idée:
http://www.myspace.com/matthewscelebritypixiestribute

Et le site, où il y a un peu plus de chansons:
http://pottymouth.org/mcpt/

vendredi 30 juillet 2010

Friet Museum

Chronique du Power Festival, Belgique


C’est marrant comme des fois, deux processus s’entrechoquent, alors qu’à l’origine ils n’ont rien à faire ensemble.

Depuis presque dix ans, je me suis juré d’essayer un jour la méthode d’écriture de William Burroughs. Le Cut-Up. Ecrire un texte, le découper et le réécrire en changeant l’ordre des séquences. S’ouvrir de nouvelles perspectives, casser les codes.

Le fait que je me sois tenu de le faire enfin le jour où je rédige un blog très modeste sur ma virée thrash et stoner en Belgique est dommageable, complètement inadapté sous quasiment tous les aspects. J’en suis conscient et je vais le faire quand même. Insouciance adolescente vs. Inconscience punk.




Au programme, Brant Bjork à La Louvière le mercredi et Municipal Waste à Bruxelles le samedi.


« Je préférerai toujours sortir 50 albums moyens que 5 chefs d’œuvre sur lesquels j’aurais bossé des années. »



La Louvière, Belgique. Un jour de fête nationale. Festival gratuit. Un assortiment de punk, rockab, voisins, (très) jeunes et (très) vieux. Le Powerfestival a en fait un faux air de kermesse de fin d’année 1972. Un truc me tiraille toute la journée : c’est insensé que Brant Bjork soit tête d’affiche ici. Mon pragmatisme me l’impose mais mon cerveau n’arrive pas à faire le lien.


La Voix du Nord accorde un encadré à un fait divers d’une vieille dame de Stockholm retrouvée morte à son domicile avec 193 chats… et rappelle une loi suédoise : un même foyer ne peut posséder plus de neuf chats. Euthanasie pour 184 d’entre eux.


Autour d’une bière, on rencontre Antonio, un vieux belge qui a 48550 vinyles, mais que sa femme a largué. Il nous expliquera le chemin de l’un à l’autre en 5 gorgées.


On s’adonne à un jeu de pistes improbable pour retrouver DEAD ELVIS à sa descente de scène. J’aimerais bien l’interviewer rapido, mais ce one-man band entre le King, Hasil adkins et les Cramps joue avec un masque de zombie en latex. Retrouver un mec seul que personne-n’a-vu-car-il-porte-son-masque-et-que-tu-comprends-bon-quoi … KISS devait être le groupe le plus heureux des années 70.


Pas chère cette chambre de Formule 1 dans la zone portuaire de Zeebrugge. Chouette vue en plus.


Un quartier entier est fermé pour assurer le festival, dans ce Notting Gulch wallon. Toujours plus de vautours que de têtes de bétail et on doit côtoyer les 80 % de chômage.


Manger de la fricadelle assis face à la mer du nord à Ostende, ça relève du top cool, mais … qu’est qu’ils y mettent dans la fricadelle ? C’est un met « incertain ». Vivement une connection wifi pour me tranquilliser.




Pendant l’interview, un détail me crispe. Brant Bjork porte un t-shirt Blue Oyster Cult. Pendant les essais de son avant de monter sur scène, je note quand même que son crew passe ‘Rock and Roll Over’ de KISS en entier sur la sono. Deux fois de suite. Oui, même ‘Hard Luck Woman’. Un acte de foi rare.


Aussi sur l’affiche, le stoner des calaisiens de Zoé (http://www.myspace.com/zoestonerrockband2 ), du Kyuss joué par Skid Row. Ramon Zarate (http://www.myspace.com/ramonzarateband ), du stoner sérieux influencé par Dozer ou Alabama Thunder Pussy. Speedball Jr, de la surf traumatisée par Dick Dale mais avec la classe d’un Hammond vraiment bien pensé et du Powersolo dans l’attitude (http://www.myspace.com/speedballjr ). Enfin, Justin(e) qui affiche sur son merch « Groupe de merde en concert de merde dans ta ville de merde ». Cette clairvoyance crée l’empathie nécessaire pour ne pas s’étaler dans la destruction critique. De l’alterno-punk à chien français, mais une chanson sur Jean-Claude Suaudeau et le jeu à une touche de balle. Alors bon… (http://www.myspace.com/justinepunkrock )


Le 21 juillet, c’est la fête nationale belge, dis donc. Et dire que pendant une heure, on a mis les magasins fermés sur le compte de la crise. Le poncif wallon, j’imagine.


Fricadelles
Ingrédients (pour 6 personnes) :
- 2 oignons
- 10 g de beurre
- 4 pommes de terre
- 1 oeuf
- 500 g de restes de viande
- persil et cerfeuil hachés
- sel, poivre, muscade
- farine
- 2 ou 3 cuillères à soupe de graisse (beurre, huile, saindoux, margarine...)


Banane Metalik

(666% Gore n’roll)

- 50 % Cramps

- 50 % Misfits

- 6 maquillages de zombies

- le plus gros public du festival

- le plus mauvais son du festival

- gore super cheap mais très sérieux

Je sais que je vais prendre pas mal de spécialistes sur le rable, mais ce show était inécoutable. Pourtant j’apprécie vraiment le psychobilly, je pense juste que Banane Metalik a plus de sens dans un club où sa prestation ne se dilue pas dans les commandes de bière des bars latéraux et dans une sono de bingo dominical.

- Ah, mais c’est encore la fête nationale ?

- Non non, on ferrrme tous les jourrrs à 18 heurrres.

La virée est aussi l’occasion de découvrir l’équivalent wallon de nos Pastors of Muppets. Les Moonshine Playboys viennent du « bayou sulfureux d’Anderlecht » et jouent des classiques dans un monostyle de bluegrass white trash qui rappelle « O’Brother where are thou ? », mais avec l’accent belge quoi. Ca enchaîne « Fight for your right to party », « Anarchy in the UK » et « Voodoo Chile » et l’assistance prend un air de blind-test en s’aidant souvent des seules paroles. http://www.myspace.com/themoonshineplayboys



Il est 23 heures. Antonio danse du madison sur Brant Bjork. Je ne sais pas si je dois y voir un profond chagrin ou un amour intact de la musique.

Uncommon Men From Mars. 14 ans again ! Un groupe teenager depuis qu’ils sont teenagers, ce qui équivaut maintenant plus ou moins à l’âge d’un authentique teenager. Pendant le concert, un coup de génie absolu avec ce mec qui tente un slam en se jetant de la scène alors que le gros du pit est composé de 3 personnes. J’allais dire que le show était « marrant », mais justement, le groupe ne prend jamais le risque d’être « marrant ». C’est un peu la différence qu’explique Robert Downey Jr. à Ben Stiller dans « Tonnerre sous les Tropiques ».

A Bruxelles, un français qui vit au Japon et qui bosse en Belgique nous dit qu’on ne le laisse pas tranquille. Il peut faire couler la moitié de l’élite avec ce qu’il sait d’affaires criminelles ou d’extorsion de fonds. Il nous expose aussi sa théorie à propos des fausses infos sur les bouchons de départ en vacances, balancées dans les médias : l’absence de ce marronnier de l’été déprimerait les français, mais les bouchons ont disparu dans dix années de récession.

« It’s Ok if you’re drunk because I am too ». Brant Bjork et son killer band (bien meilleur que tous les Bros et Operators) sont de toute évidence bien cuits, mais le set s’en trouve encore plus laid-back que d’habitude. Ca sent la fin de tournée, un peu la mélancolie, et les jams s’étirent et vont régulièrement dans le rouge du Vumètre. Moins axé sur le format chanson qu’au Hellfest, mais un super concert de potes.



Re: Interview Municipal Waste - Brussels

Vendredi 23 juillet 2010 17h14

De: "Talita"

À: "Arnaud d'Armagnac"

Tour is cancelled.