mercredi 9 décembre 2009

Interview ERROR 404 (à paraître dans CAFZIC)

ERROR 404 « S/t » (Cctv records)

Error 404 est un sacrée bonne surprise au coeur puissant, à l'intense démonstration de force, sans beuglements et autres orchestrations hardcoresques. En écoutant cet univers hirsute j'ai entendu partiellement des sonorités Stoogiennes, du Thugs, du Ride, du Husker Dü, du Mudhoney et pas mal d'autres choses des années 90 que j'entrevoyais dans la filière Inrocks version Lenoir période fac bordelaise pour moi. Un peu gras, un peu strident, l'esprit me plait. Frondeuses et carnassières les mélodies de temps à autres un peu bancales se révèlent intenses. Pour compléter cette chro je viens de lire la petite info accompagnant le disque, il semblerait que ce groupe soit à géométrie variable, bref, un seul membre fixe et les autres qui circulent, un enregistrement sur une journée et sans répétition préalable, d'où certainement le côté bancal mais frais, les déséquilibres entre instruments or c'est justement là où c'est excellent et différent, je me penche sur le projet dans les prochains jours... (NqB)


Quelques questions...

Comme je l’écris dans la chronique...j’entends des « choses » dans votre son...est-ce que je me trompe ? Est-ce que certaines vous choquent ? Qu’y rajouteriez-vous ?

Les Stooges, Mudhoney, Husker Dü, complètement, mais juste au niveau de la philosophie générale du son. Ce qui nous intéressait c’est de faire du dumb rock, d’aller direct à l’essentiel. Un truc un peu radical, car je trouve que le côté brut est ce qu’il y a de plus honnête. Si tu dis un truc odieux avec des fleurs, ça reste pas très positif, là on a choisi de faire coller le son au propos général. On parle de complot, de trucs secrets, etc, c’est plus logique d’en parler avec un son de micro planqué dans les plinthes qu’avec un son gonflé de reverb ou un orchestre philarmonique. Husker Dü, les Wipers, Mudhoney, les Misfits, le Black Flag de l’album Damaged, LAMF de Johnny Thunders, ce sont des sons bruts qui me parlent et qui laissent penser aux kids qu’ils peuvent le faire aussi. C’est comme ça que ça a marché pour moi en tout cas. Les grosses productions, les sons travaillés, ça met une certaine distance entre l’artiste et l’auditeur, je trouve ça désagréable comme posture.

Les Stooges donc, grosse influence. Mudhoney pour l’invention de ce son si crade. Jack Endino, le producteur, les a supplié tout l’enregistrement de Superfuzz de choisir un autre son. Longtemps pourtant c’est lui qu’on a crédité de l’invention du grunge. Là, à notre niveau, c’est pareil, il a fallu que je me batte pour garder ce son brut. Le mastering, ça a été une lutte psychologique eh eh. Parce que bon, c’est très assumé. On a eu des critiques dernièrement qui nous faisaient passer pour un groupe stupide enfermé avec un 4-pistes cassette, mais c’est un peu plus creusé que ça. Niveau influence, après, c’est très américain. Fu Manchu, les Ramones, Nebula, Turbonegro, tous ces trucs de dumb rock.

Quelles connections entre Error 404 et d’autres groupes bordelais ?

Il y a le batteur et le guitariste/clavier d’Antena Tres, qui tient ici la basse et s’est occupé de l’enregistrement. Il y a aussi le guitariste lead de Pitsky et Up Yours.

Error 404 est un projet éphémère ou a t-il vocation à perdurer et si oui sous quelle forme ? et d'ailleurs quel était le projet de départ ?

A la base, j’étais frustré de la structure traditionnelle d’un groupe. Là, je voulais que ce projet me suive à vie. Si dans 15 ans, j’achète une pipe et un rocking chair, que je fais du bluegrass, je peux garder le même nom. Ca c’est l’extrême, mais si demain on passe à trois ou à 6, je ne vois pas la nécessité à chaque fois de changer de nom de groupe et de chansons. Perdurer, oui pas trop d’inquiétude du coup, et sous la forme qui sera celle du moment. Mon rêve c’était de sortir un 45 tours tous les 5 ou 6 mois comme à l’époque du rockab et plus tard du punk, mais c’est compliqué. Alors un EP tous les ans, ça fera le job. Il n’y a pas plus de plan que ça. Le projet de départ était de s’amuser avec une idée de nerd, loin de la hype de la nouvelle scène qui laisse pas mal de gens de coté, c’est dommage. A la base, la musique c’est un truc populaire, un truc pour te changer les idées, pour évacuer les frustrations. Si c’est pour en créer de nouvelles…

On a enregistré ce EP en un jour, avec des morceaux qu’on n’avait pas répété avant. « 60 bpm », la dernière chanson du disque, on ne l’a joué qu’une seule fois sans plan pré-établi, un vrai jam dans le pur style stoner. J’avais vraiment envie qu’on expérimente, à notre niveau, l’esprit des Desert Sessions de Josh Homme. En fait, c’est beaucoup plus de boulot, je le savais pas ça.

Sur le myspace dans la rubrique « influences » il y a un listing un peu surprenant on y voit autant des groupes musicaux que de trucs bizarres du genre la Stasi, La Cia, etc…quel est donc ce curieux concept ? ? ?

C’est vrai qu’au premier abord, ça fait élitiste, j’imagine. J’aime pas trop parler de « concept ». On est plus proches de Green Jelly ou de Spinal Tap que d’Emerson, Lake et Palmer et Genesis quand même. C’est pas du comedy rock non plus, parce qu’on fait que des paroles pince-sans-rire et que personne ne les comprend de toute façon. Le truc, c’est qu’on est une génération qui a vécu Space Invaders, les jeux de rôles, les séries TV de science-fiction cheapos, un peu tout ça en même temps. On voulait juste que l’idée générale soit suffisamment riche pour que tout le monde y trouve son compte. Le fait que la musique soit le versant le plus bâclé du projet, c’est un paradoxe que je trouve assez drôle. Pour les références bizarres dans les influences, c’est un peu la synthèse de ça. J’ai grandi au milieu des comics, des jeux vidéos, de montagnes de disques et de films, des documentaires sur tout. Au bout du compte, comme je suis monomaniaque, j’ai un peu de mal à faire le tri et je ne sais pas si Hunter Thompson m’a moins influencé que les Stooges, si la Quatrième Dimension est moins présente dans ma tête que les documentaires sur l’assassinat de Kennedy, quand j’ai un truc qui vient. N’étant pas un « musicien » pur jus, je pars d’idées globales et je pense donc que tout ça compte plus ou moins autant. Après bon, CIA et Stasi, c’était pour m’adapter au « concept » du groupe. Rien de très élitiste, tu vois.

Idem dans l’étonnement, je lis sur myspace: similaire à « Your life on a tape, your file on a shelf “ ? ? ? Je veux des explications !

C’est une phrase qu’on a mise dans la chanson « Drink Booze, Think Loose ». J’aime beaucoup ce genre d’écho phonétique quand j’écris des paroles, et cette phrase a un double sens. C’est d’abord une référence à la Stasi : ils écoutaient les gens en Allemagne de l’Est, archivaient ça dans des dossiers, les rangeaient sur des étagères. A la chute du mur, beaucoup ont pu découvrir leurs vies, ou une partie, en 4 ou 5 tomes.

C’est aussi une référence à ma génération qui a grandi dans la pop culture et son explosion. Les heures à faire les mixtapes pour ses potes, les disques, les bouquins, les DVDs … Ironiquement, toute une partie de notre vie se trouve aussi sur nos étagères.

John Doe ? ! ? Qui est ce curieux personnage « central » ?

John Doe, c’est le nom sous lequel les anglophones placent les gens « sous X », que personne ne réclame. On voulait vraiment lutter contre les egos qui tuent les groupes. Etre « personne », c’est sacrément bien. Les gens regardent ce que tu fais, et pas d’où tu viens, qui tu es ou ce que tu as fait avant. C’est le projet qui est important, pas le contraire. Ca, c’est un peu le fléau de la musique aujourd’hui. Les gars ont un groupe parce que c’est un accessit underground, un truc du genre. Pas parce qu’ils ont des idées, le plus souvent. C’est dommage. On voulait revenir à la base. Les groupes ont perdu le fun, c’est beaucoup de hype et de paraître aujourd’hui, sans jouer les vieux gars. Quand on dit qu’il n’y a qu’un seul membre fixe dans Error 404, c’est vrai mais je ne réfléchis pas comme ça. C’est un vrai travail de groupe. On remet tout à zéro à chaque fois, c’est tout. Chacun a carte blanche et fait vraiment ce qu’il veut. Mais le truc de qui fait quoi, c’est vraiment pas très important. Dans Star Trek, tout le monde sait qui est Spock, même s’il n’existe pas, mais tout le monde se fout de qui a tenu la caméra ou écrit les dialogues. Bref, anonymat contre les egos et turnover contre la routine. Le plus drôle en fait, ce serait qu’un jour, 4 gars complètement différents montent sur scène et jouent les morceaux.

Error 404 ça signifie quoi déjà ? Quel rapport avec la zique du « groupe » ?

Error 404, c’est cette page internet sur laquelle tu es dirigée quand la page que tu demandes n’est plus accessible. J’étais parti de l’idée qu’en fait, c’était pas vrai, c’était simplement qu’ « on » nous cachait quelque chose. Tu veux savoir un truc, tu n’arrives pas à l’info et on te file juste une page formatée pour te le dire. Je trouve que ça résume plein de trucs, tant dans la S-F que dans la vraie vie. Ca évoque tout ce truc du complot, par extension le 1984 de George Orwell, ça correspondait bien. Voilà le rapport. C’est toujours difficile de trouver un nom de groupe et je trouvais que ça collait bien avec l’idée générale. On parle de culture nerd, de complots cheapos, de films de séries B… J’aurais appelé le projet Geranium, le lien était moins présent.

Error 404 m’a l’air d’être un projet dont je ne saisi pas tous les contours... " bizarres ", quelles questions… "bizarres" j’aurais d’ailleurs du vous poser pour mieux comprendre ? ? ?

Où vit Elvis aujourd’hui ? Parce qu’il est pas mort. Tu le sais hein ?

Non la question que personne n’a osé me poser depuis la sortie du disque, c’est « ça te fait pas chier que juste quand tu sors ton disque avec cette pochette qui tape à l’œil, the XX fasse un carton mondial avec la même pochette ? » … si.

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www.myspace.com/wearealljohndoes

Vous pouvez découvrir CAFZIC sur http://cafzic.oldiblog.com/

lundi 7 décembre 2009

BRING OUT THE DEAD # 2

LESTER BANGS
Psychotic Reactions & autres carburateurs flingués
Fêtes Sanglantes & mauvais goût
Tristram




« Je commence toujours une interview avec la question la plus insultante à laquelle je puisse penser. Parce qu’il me semble que tout le truc d’interviewer une rock star est très surfait à la base, et ça finit en léchage de bottes. Ce n’est qu’une révérence à plat ventre faite à des gens qui n’ont vraiment rien de spécial. C’est juste un mec, juste une autre personne, non ? »
Quand on évoque l’écriture gonzo, on pense surtout à Hunter S. Thompson, mais Lester Bangs en est sans doute le représentant le plus doué. Le gonzo ? Pas vraiment du journalisme, pas vraiment le travail d’un écrivain, pas vraiment la névrose bavarde d’un égo surdimensionné. Mais plus sûrement beaucoup des trois. Courageuses traductions françaises d’un style intraduisible, « Psychotic Reactions et autres carburateurs flingués » et le deuxième volume « Fêtes sanglantes et mauvais goût » sont les recueils des meilleurs articles de Lester Bangs, avec l’ajout de quelques curiosités, comme des bouts de nouvelles inédites. Mais c’est bien en tant que rock critic qu’il brille le plus, ne lui en déplaise, puisqu’il se décrivait lui-même comme « le meilleur écrivain américain à n’avoir rédigé que des critiques de disques ». Parues dans Rolling Stone, the Village Voice, the New Yorker ou Creem, elles sont le point de départ d’une écriture rock qui a poussé à l’ombre de la musique y attenant, prenant au moins autant d’importance qu’elle au fil des années. Aussi célèbre que les artistes qu’il côtoie, Bangs est un grand écrivain qui aurait négligé de s’enfoncer dans le snobisme pour garder cette ferveur toute adolescente. Une sensibilité à vif et une mauvaise foi assumée de fan de base, mais orchestrée à l’épique, genre saga ironico-tragique et question de vie ou de mort. S’inspirant de Burroughs et de la beat generation, son style rivalise avec le son et l’énergie du rock, son écriture est un mélange entre la distorsion de guitare électrique et une impro free-jazz ou psyché. Bangs n’a que faire des conventions journalistiques, des normes tout simplement. Ses articles, souvent impubliables par leur propos ou leur taille – certains papiers feront jusqu’à 30 pages - feront le bonheur de Creem qui laisse carte blanche à ses auteurs. C’est en prêcheur à la verve souvent hilarante qu’il signe des articles aux noms déjà répressibles, « sourd et muet dans une cabine téléphonique : une parfaite journée avec Lou Reed » ou « emmenez votre mère à la chambre à gaz » ou au postulat cintré, avec l’interview post-mortem de Jimi Hendrix.
« Je pense qu’on est tous rock critics, dans le sens où tu décides d’acheter ce disque plutôt qu’un autre quand tu vas dans un magasin. A ce moment là, tu es un rock critic. Je n’ai pas plus de légitimité que n’importe qui d’autre. »
Ces livres nous rappellent surtout que le fan est à la base de tout dans la musique. Les débats sans fin, passionnés, partisans et oniriques, vaudront toujours mieux que les débats mercantiles autour d’Hadopi et des maisons de disques. Hélas, Lester Bangs n’a pas de remplaçant. Ces recueils en sont d’autant plus indispensables.

vendredi 9 octobre 2009

BRING OUT THE DEAD # 1




Sam Phillips (1923 - 2003)
« C’était quoi ça ? » « On sait pas, on s’amusait, Mr Phillips ». Il recale la bande. « Refaites moi ça, essayez de trouver une sorte d’intro et refaites moi ça. »
That’s Alright Mama. Le rock’n’roll et avec lui la musique moderne était né. C’était le 5 juillet 1954 aux Studios Sun, à Memphis. Aux manettes, Sam Phillips. Dans la cabine, le jeune Elvis Presley et deux musiciens de studio faisaient une pause et se détendaient en accélérant la chanson.
Souvent, l’œuvre de Sam Phillips se résume aux yeux des gens à cette intuition, mais que ce soit comme DJ à la radio ou dès 1950 lorsqu’il ouvre les studios Sun, Phillips est un précurseur. Il sent les choses. Il enregistre les artistes noirs (Rufus Thomas, Howlin’ Wolf, BB King) et apaise tous les débats quand certains disent que le premier disque de rock’n’roll est en fait Rocket 88 de Jackie Brenston et ses Delta Cats en 1951 … puisque c’est lu aussi qui l’a enregistré.
Après Elvis, il continue sereinement son travail de sape sur la culture US (et donc mondiale) en produisant Jerry Lee Lewis, Johnny Cash, Roy Orbison ou Carl Perkins.
Il vend alors ses studios en 1969. l’année où le rock’n’roll est mort à Altamont, avec les Stones et quelques Hell’s Angels.
Ca aussi, il l’avait senti.


vendredi 26 juin 2009

Le Nouvel Elvis

Farah Fawcett. Michael Jackson. On a tué les 80s en moins de 12h.

Si le mythe Farah Fawcett AKA Jill Munroe est avant tout un fantasme de coiffeurs et/ou masculin, Michael Jackson a tout du nouvel Elvis Presley, en cela que je vois déjà poindre la théorie du complot parmi les fans. Bambi n'est pas mort. Les préventes de sa tournée retour étaient énormes et il allait s'écrouler physiquement devant la demande. Ou alors, sa machoire inférieure s'était détachée et il ne pouvait plus apparaître longuement en public. La seule façon d'effacer les années sordides était de mourir (presque) jeune, pour que les gens se rattachent au mythe, éteint depuis bien longtemps. Pour la sortie de son dernier album à la pochette pseudo-warholienne assez dégueulasse, Virgin Bordeaux avait ouvert ses portes à minuit, tentant de créer l'événement. C'était avant la prolifération du peer-to-peer, et une dizaine de personnes seulement avaient fait le déplacement.
Dans quelques jours ou quelques semaines, les fans dissèqueront les photos de l'hospitalisation (qui existent puisqu'elles ont accompagné la nécrologie du matin) de MJ et y trouveront des incohérences qu'ils argumenteront à longueur de blog. On peut arbitrer et se demander si une scène d'hospitalisation, où les sauveteurs parent au plus pressé, peut être aussi cohérente et maîtrisée qu'une couv de Vanity Fair... Comme Elvis - le Elvis gras et fan de karaté de Las Vegas - l'auto-proclamé Roi de la Pop a gagné en 10 secondes une respectabilité perdue depuis 15 ans. Dans l'émoi général, on oublie le grotesque du changement esthétique au fil des ans, le bébé exhibé par dessus un balcon berlinois, les vraisemblables dérives pédophiles, le grand guignol de Neverland ou des caissons pressurisés ... Le deuil fait revenir le monde instantanément à l'état de grâce de Thriller. Ceux-la même qui hier le connaissaient mieux à travers les sketchs à son insu que par son oeuvre. Magie des médias et de la mono-émotion.

jeudi 4 juin 2009

ERROR 404


Digipack EP 5 titres en vente à la FNAC (Bordeaux seulement) et chez le disquaire indépendant Total Heaven - 5 €.
Enregistré par David Kadour (Antena Tres)
Masterisé par Stéphane Teynié (AD mastering)
/// TRACKLIST ///
1# My Baby (is nowhere to be seen)
est un croisement entre les films de la Hammer, Elvis et Motörhead.
2# Drink Booze, Think Loose
reprend l'hypothèse des fanzines conspirationnistes, selon laquelle les gouvernements maintiendraient l'alcool à prix bas pour maîtriser et manipuler les masses plus facilement.
3# Life Inc.
est la conception orwellienne d'une vie quasi-systématique, répondant à bon nombre de standards comme on cocherait des cases, et dont au final on n'est plus acteur. Mass media et conscience collective.
4# Dutch the Clutch
est un hommage nerd et indirect au cascadeur Evil Knievel. Dutch the Clutch (Dutch l'embrayage) est le double de Knievel dans la série TV "Psych". Ce gars a fait des trucs stupides, comme sauter au dessus d'une canyon ou de 12 bus Greyhound, et se relevait toujours même en cas de chute terrible. Idole jusqu'au boutiste puisque, quoiqu'il dise devant la presse, aussi absurde soit il, il mettait un point d'honneur à ne jamais revenir sur sa parole. L'intégrité jusqu'à l'absurde, comme Johnny Ramone.
5# 60 Bpm
est le road trip figuratif du nerd solitaire, sorte de loser anonyme de notre génération X (12e du nom)

mercredi 22 avril 2009

Elvis is still alive !!


Interview des BLACK ANGELS

Interview réalisée le 5 décembre 2008, à Bordeaux.
Parution dans Abus Dangereux n°109
Photos par Louise Dehaye



THE BLACK ANGELS
Lone-Star Psychedelia
Ca y est, le psych-rock connaît un retour de vague, après la hype passagère dûe au film d’Ondi Timoner, Dig ! en 2004. A l’époque, quelques groupes s’étaient enfilés dans le sillage du Brian Jonestown Massacre, groupe devenu à la fois indispensable aux indés pur jus et irrémédiablement mainstream en 2h de film. Le phénomène était vite retombé et les magazines étaient vite passés au buzz suivant. Jusqu’à l’an dernier où un tas de groupes psych-rock sont sortis de l’underground comme des zombies dans un film de Romero, sans trop de bruit mais avec une sacrée dalle.
Il serait de toute façon injuste de prendre les Black Angels pour un énième groupe revival de psyché 60s. Les texans ont tout compris de l’art de la boucle hypnotique, ce qui les place en bonne place quelque part entre le premier Pink Floyd, leurs voisins d’Austin 13th Floor Elevators, Spacemen 3 et le stoner. Les références sont solides mais on sent dans ce collectif à substances une toute autre envie que celle de plagier des trucs vieux de 40 ans. Les Black Angels sont une entité, chacun passant d’un instrument à l’autre, au service des chansons et du collectif. Comme un Velvet Underground sans ego ou un Brian Jonestown Massacre pragmatique.
Rencontre avec Alex Maas (chanteur), Nate Ryan (basse) et Stephanie Bailey (batterie).



Deux albums en un an, deux succès. On a l’impression que c’est allé très vite pour vous. Comment en êtes vous arrivés là ?
Alex : Christian (Bland – guitariste) et moi, on s’est rencontrés en 1993. On est allés aux mêmes collège et lycée, à Seabrook, au Texas. On s’est perdus de vue, mais quand on s’est retrouvés après la fac, on a immédiatement commencé à jouer de la musique ensemble. Le premier groupe s’appelait the Black and Green Scarecrows. On a joué avec plus de 50 personnes différentes en 2 ans. On est devenus les Black Angels quand on a rencontré Stéphanie (Bailey – batterie).
Nate : Je suis allé les voir à un concert à Austin. J’ai remarqué qu’ils n’avaient pas de bassiste, alors je me suis proposé. Christian a refusé car il n’en voyait pas l’utilité. Quand ils sont repassés en concert, j’ai retenté ma chance et ils m’ont invité à faire un bœuf.
A : Et tu es toujours là… On est réunis tous les 5 depuis début 2006. Donc c’est vrai qu’on peut dire que c’est allé très vite.
Quand on habite à Austin, en plein coeur du Texas, comment en vient-on à jouer du psych-rock? Ce n’est pas vraiment ce qu’on joue chez vous, et dans cette région, il n’y a rien eu dans cette direction depuis les 13th Floor Elevator, dans les années 60.
Stephanie: Je crois juste que de plus en plus de groupes jouent du Psych-rock.
N: Aujourd’hui, c’est rare qu’il y ait un endroit particulier pour un style de musique. On joue juste une musique similaire que d’autres qui écoutent le même musique que nous, où qu’ils habitent.
A : Avec internet, c’est devenu plus facile. Le revival du psych rock s’est développé comme ça. Tout est plus rapide avec internet et des trucs comme MySpace . Tu n’as plus à te renseigner pendant des semaines sur les trucs qui te passionnent, et au niveau de la musique, internet rapproche très vite les gens qui jouent une musique similaire. Tu n’as plus à écumer tout un tas de magazines, tout va très vite.
Avec un nom comme le vôtre (Anges Noirs), avez-vous déjà eu des problèmes au Texas, ou plus globalement dans le Sud très croyant, la « Bible Belt » ?
N: J’ai quelques amis à l’église qui trouvent ça démoniaque. Mais en général, les gens que ça dérange ne nous écoutent pas, donc c’est relatif.
A : Mes grands-parents m’ont demandé comment s’appelait le groupe. Quand je leur ai dit, ils ont faire une grimace : « Erf ». Mais c’est vrai, Nate a raison, mes grands-parents nous écoutent assez peu. Si on voulait créer un vrai débat, on se serait appelés les « Fuck the Jesuses », un truc dans le genre.
Je crois que tout a été dit sur vos influences presumées (BJM, Brian Jones, les Doors, les Warlocks, Spacemen 3…). « Passover » (premier album) est le nom d’une chanson de Joy Division, Black Angels figure dans le nom d’une chanson du Velvet Underground, le titre « the Sniper at the Gates of Heaven » rappelle inévitablement Syd Barrett et Pink Floyd. Mais quelles sont les réelles influences du groupe ? Quels disques écoutez-vous quand vous rentrez à la maison ? Si vous n’aviez qu’un disque à garder…
A : Ce serait Old Time Relijun, un groupe de Portland signé sur K Records.
N : Roy Orbison « Crying », je ne m’en lasse jamais, aussi surprenant que ça puisse paraître. J’ai bien peur que ça ne t’aide pas au niveau de nos influences.
S : CAN … pas tout, mais j’ai comme une playlist très perso au sujet de ce groupe. Je m’en éloigne parfois, mais j’y reviens toujours.





Vous êtes le premier groupe depuis des années à sortir des “albums” au sens propre, dans une période où le mp3 et plus généralement les singles sont le truc qui cartonne. Vous en êtes conscients ? Est-ce simplement voulu ?
A: C’est difficile de décréter un single, de dire que telle chanson est meilleure qu’une autre. Tu écris un album en entier, tu bosses dur dessus, c’est un projet homogène. C’est vrai que les Beatles, par exemple, avait un single caché derrière chaque chanson. C’est une autre histoire.
N : On ne pense pas vraiment aux accroches, à tous les artifices qui font un single.
S : On écoute beaucoup de musique des années 60 et ça affecte sûrement notre façon de faire les choses, de penser notre propre musique et la voie à suivre.
A : On voit un album comme une pièce d’un seul morceau. Avoir un son fluide, des idées qui se tiennent, c’est secrètement un de mes buts.
S : On dirait que ce n’est plus un secret pour personne !
Justement, comment écrivez-vous vos chansons? Sur le disque, ça tient énormément à une ambiance, pas toujours à des morceaux ficelés. Ca sonne très impro collective. Vous jouez live en studio ?
A : En quelque sorte, on essaie d’enregistrer tous en même temps dans la même pièce. C’est une chose à laquelle on tient réellement. On doit ensuite recréer le disque sur scène, donc bon, ça me paraît logique d’écrire de cette façon. On part d’un riff de guitare ou d’un groove basique, et le reste est à base de jams.
N : Quand on essaie les chansons en live, avant de les enregistrer, on n’a pas nécessairement toujours décidé des parties structurées, etc. On a une idée directrice et on tourne autour.
A: Le but est souvent de développer des idées qu’on vient d’avoir dans les loges. Ca crée un sentiment d’insécurité assez sain. Ca peut être différent selon le moment où on improvise sur la même idée.
S : On se nourrit de l’énergie des autres en jouant live. On n’aurait pas le même résultat en enregistrant de façon classique. Ca réussit à certains, mais ce n’est clairement pas pour nous.
A : Ca semble être beaucoup de boulot d’enregistrer les uns après les autres. La batterie, la basse, les guitares, puis la voix sur la rythmique. On est beaucoup trop feignants pour bosser comme ça.
Je crois que vous enregistrez uniquement sur bande. C’est un choix ou une idée du producteur ?
A : C’est un choix délibéré. Si on a choisi d’enregistrer en analogique, sur bande, c’est parce que tu dois prendre des décisions d’emblée. Tu prends le sentiment de l’instant, l’énergie, avec tous les défauts que ça comporte, mais la chaleur est particulière. Le son est moins parfait, bla bla, mais il a plus d’âme.
N : Ce serait sans doute plus rapide avec un ordinateur. Les gars ont l’habitude, et le travail est sans doute plus facile pour eux. Chacun enregistre sa partie, le son est clean, mais ce ne serait pas vraiment honnête avec ce qu’on fait.
Une particularité de votre son, au début, était la drone machine. Qu’est ce que c’est ?
N : C’était la création d’un ami à nous qui bricole du matériel. Le drone était un orgue Vox combiné à un harmonium et un écho. C’était plus une histoire d’énergie qu’un truc technique.
Vous l’utilisez encore, depuis que Jennifer Raines a quitté le groupe (en 2007) ?
A: On a abandonné l’idée du drone, mais on reprend les parties musicales avec des boucles samplées ou en compensant avec les autres instruments. On recherche davantage un équilibre, l'harmonie de notre son.
Vous êtes contents du public qui se pointe à vos concerts? Parce qu’apparemment il y a un fossé conséquent entre les gens immobiles sous substances et les gars surexcités du premier rang.
A: Ah ah, l’image me semble parfaite. Disons qu’il y a … différentes mouvances, en effet.
N : On ne s’attend pas forcément à ce que tout le public devienne incontrôlable. Moi le premier, quand je vois pour la première fois un groupe, je prends le temps de le découvrir, je l’étudie un peu, mais je deviens rarement incontrôlable.

Belfast en une photo


J'aurais pas trouvé une meilleure allégorie sur la religion, même si j'avais cherché pendant des mois...

Hey Ho Let's Go !!

My Own private palliatif à la disparition de Trente Trois Tours.
Je mettrai ici ce que je ne peux plux caser dans le défunt webzine, mais aussi mes "Disques de la semaine" choisis pour l'émission du mardi soir sur Radio Campus; une rubrique "Bring out the Dead" où j'exhumerai des groupes ou des disques essentiels bien qu'oubliés, qui ont en tout cas leur place sur mon étagère des indispensables et des losers magnifiques; Les photos et les dessins que je ne peux mettre ailleurs que dans un sous-sous-dossier de mon disque dur; Bref, tout un tas de trucs censés remplir un blog, avec assez de mauvaise foi et d'humeur bileuse pour contourner le caractère mégalo d'un blog lambda. J'imagine que mon âme nerd devrait prendre pas mal d'espace, avec toute la place que j'ai ici pour déballer mon goût immodéré pour la "sous-culture" (ils n'aiment pas qu'on dise "nerd").