Chronique du Hellfest 2011 // 17,18 et 19 juin 2011
La citation du titre est de Mark Twain. Les photos live de Louise Dehaye
Dans le temple temporaire du cuir et des clous, il faut se faire une place. Alors dès notre arrivée le jeudi soir, on se mêle à la denim mafia du Metal Corner où la Turbojugend Saboteurs (Nantes) déballe un mélange de whisky tiède et de reprises de Turbonegro. Put your denim on and stay free, turbodüdes.
Vendredi 17 // day # 1
Pour moi, le Hellfest a commencé dans le salon d’attente de l’hôtel Mercure. Metal is Dead. A l’heure où Valient Thorr essayait de détruire consciencieusement les installations du festival, j’attendais Mike Watt à Nantes-centre.
Back to Hellfest, il pleut comme dans la vision mentale que je me suis toujours fait de Reading ’91. Mais dans les faits, il doit beaucoup moins pleuvoir puisque personne n’a balancé de boue sur la scène.
Encore aujourd’hui, on note un rassemblement irrationnel de Turbojugend le jour-même où on apprend que TRBNGR se relance avec l’anglais Tony Sylvester au micro. Rarement un groupe aura été aussi présent sur un festival sans avoir fait le déplacement, uh. On peut toujours maugréer et dire que les changements de chanteurs ne sont jamais bon signe, mais il y a la jurisprudence Brian Johnson dans AC/DC. Et il vaut mieux avoir un anglais moustachu qu’un scientologue jury de la Nouvelle Star norvégienne, avec tout le respect que je dois à Hank von Helvete.
Phil Anselmo fait vider le coin presse pour … passer et rejoindre le studio radio de OUI FM.
J’ai participé avec Will, mon collègue de Campus Bordeaux à une émission de radio en direct du coin presse, le United Metal Radio Show qui rassemblait pas mal d'émissions différentes. En ce qui nous concerne, pas mal de dérision et du recul sur le métal, ce qu’on fait toute l’année dans Going Underground. Je pense que tu peux établir des ponts, parler de tout à tout le monde sans remettre en cause ton intégrité. Le métal a été l’éponge de tous les a priori mondiaux depuis 40 ans (de Tipper Gore à Christine Boutin en passant par ta voisine qui a un poster de U2), ce n’est pas la peine d’encourager la tendance. Cette émission était l’occasion de donner une autre image, plus fidèle à ce qu’est réellement le Hellfest.
J’ai toujours un mouvement de recul quand il est question de collaborer avec des fans de métal. Ce n’est pas de la gentrification, j’ai ce sentiment depuis mes 14 ans. Le métal draine (comme tous les styles) beaucoup de premier degré, un manque d’ouverture aussi. J’ai toujours prôné la dérision et ce n’est pas parce que j’adore Gwar que je pense que Philip Glass est un salopard de binocleux. J’ai une affection démesurée pour Manowar mais ça ne m’empêche pas de penser que ce sont des nœuds. A l’antenne, on a évoqué l’aspect nerd du truc. J’ai aussi dit que Phil Anselmo aurait du mourir à la place de Dimebag Darrell et j’en ai fait des tonnes sur ce trou du fion de Yngwie Malmsteen. Les regards d’incompréhension étaient poignants. « Quoi, qu’est ce qu’il a Yngwie ? »
Il faut prendre le temps de faire un hug viril à Zak (Campus Dijon) pour avoir coordonné le projet, à François pour avoir été le troisième membre de notre équipe compliquée à suivre et au gars dont j’ai paumé le prénom qui a été terrible à la fois au niveau de la technique et de la gestion humaine. Une expérience appréciable. Howdy oh!
Cet intégrisme était davantage perceptible chez les blogueurs venus en meute. Un kid habillé chez Goéland m’a sorti des noms que j’ai découvert au fur et à mesure de leur élocution et m’a demandé avec un dédain intergalactique : « hey mais t’es sûr que t’aimes le métal ? ». Dude, j’étais en train de chercher la signature de Derek Riggs sur la pochette de Powerslave quand tu es né. Moi les mecs, j’écoutais le heavy metal old school, celui vénéré par Beavis & Butt-head. J’ai arrêté d’écouter les nouveautés quand Korn est arrivé, j’ai pas aimé le black album de Metallica, je n’ai écouté Pantera que d’un air distrait, je trouvais le metal fusion complètement ridicule … ma vision du métal est un perfecto noyé dans le formol.
Benjamin Barbaud (organisateur du festival) a d’ailleurs annoncé qu’avec l’agrandissement du site l’an prochain, deux nouvelles scènes apparaîtront : une hardcore et l’autre dédiée au punk. Ca compensera la disparition progressive des grands noms du heavy metal et appuiera aussi la scène stoner/indé de la Terrorizer tent, un peu esseulée.
Retour à trois pour Karma to Burn et donc à un set instrumental. Daniel Davies n’est pas là et la même semaine, Year Long Disaster est déclaré en « hiatus indéfini » sur la page Facebook du groupe. Très bon concert mais un problème de rendu. Le technicien de Monster Magnet a apparemment été réquisitionné au dernier moment pour s’occuper du son et je mettrais bien un billet sur la probabilité qu’il soit batteur. Rob Oswald a en effet un son incroyable pendant que Rich et Will se battent au milieu des fréquences nécrosées. La fin des chansons notamment est un beau merdier où on a du mal à détecter de quoi il s’agit. Super concert malgré tout, et ça c’est une performance. Sans aucun signe d’agacement en plus, ça montre à qui on s’adresse.
On passe devant Down pour Pepper Keenan, à qui on ne pourra jamais reprocher une implication totale. J’aurais hélas l’occasion de revenir sur Phil bullshit Anselmo plus tard.
J’adore voir Iggy and the Stooges car ça relance le débat du nom, c’est imparable à chaque fois. Certains diront encore qu’ils ont vu Iggy Pop, c’est pas grave. On dit donc « the Stooges » pour la période Ron Asheton à la guitare, son frère Scott à la batterie et un bassiste – que ce soit Dave Alexander ou Mike Watt. « Iggy and the Stooges » est utilisé pour la période trouble où James Williamson est à la guitare et où les frères Asheton sont rappelés au dernier moment pour constituer la section rythmique. Humiliant mais néanmoins efficace : toute l’histoire de Detroit.
Ron Asheton est mort l’an dernier et le set est une large revue de l’ère Williamson (l’album Raw Power), avec l’ajout de concessions « festival » comme I wanna be your dog. Je ne sais pas si c’est du à la pluie ou à mon état d’esprit de fin de journée mais le groupe renvoie une image de rock gériatrique un peu à côté de ses pompes et collant à une image Rock’n’Roll of Fame très fidèle à l’establishment, alors que j’avais trouvé les concerts avec Ron Asheton authentiquement dangereux. Williamson est un guitariste plus métal, pas mal de soli et des réflexes heavy, donc ça colle mieux au Hellfest que le minimaliste jeu tronçonneuse de feu Ronnie. Mais pour ceux qui ont une jambe de chaque côté du Styx metal/punk, j’ai envie de dire un définitif « pas photo ».
J’ai assisté de loin à Clutch. Beaucoup ont dit que c’était le concert du festival mais je n’aime pas assez pour m’en rendre compte. Le peuple s’est exprimé, faisons lui confiance.
Pour moi par contre, le set qui méritait ce titre honorifique bien que subjectif était celui des Melvins. Un concert extraordinaire. Les rythmes des deux batteries qui portaient de grandes divagations avec le début d’une chanson, la fin d’une autre. Même les gens qui n’ont jamais pensé à mettre les mains sur un instrument repartent en se disant qu’ils ont reçu une grosse leçon de musique, mais sans démonstration ni parasite onaniste.
Une reprise de Ballad of Dwight Fry d’Alice Cooper, le chef d’œuvre ignoré de la première période d’Alice Cooper (quand le groupe se tirait la bourre avec Bowie). Bon, le show était pendant la tranche exacte de Rob Zombie, too bad. Après le choc, on décrète qu’on ne pourra rien voir qui dépasse le truc et on rentre sans voir Monster Magnet.
Le fil rouge, c’est que Phil Anselmo est un trou du cul considérable. Philou est sur le côté de la scène pendant tout le set, littéralement à la tête d’une meute VIP. On dirait que c’est lui la star du créneau horaire. Il gesticule, donne des consignes gestuelles au mec du son, commente chaque putain de seconde du concert des Melvins. Il attribue un bon point en pointant du doigt Dale Crover après un bon passage. Il se prend la tête entre les mains, il se retourne vers les VIP en alternant les attitudes « oh mais c’est brillant », « incroyable », la joue avec la sobriété d’un Tom Cruise dans Cocktail et la grande tradition US du « c’est le meilleur concert de l’histoire de notre planète, regardez comme je suis conscient du truc ». Ce qui n’arrange rien, il a la tête de ce gars qui s’est fait virer du collège en 4e. A la fin du concert, Buzz s’en va et laisse les autres dans un chaos qui ne semble pas les dépasser. Dale se lève et va colporter son torrent manuel dans le micro laissé vacant. Phil se rue sur la deuxième batterie et … tape un bœuf avec Coady Willis, le second batteur. Ce mec a vraiment du respect. Il devrait s’agiter pareil pendant Ozzy Osbourne et j’espère qu’il s’incrustera pour jouer de la flûte avec Judas Priest.
Samedi 18 // day # 2
Grande malédiction toujours en cours à l’heure où j’écris, Municipal Waste. Pour rappel, l’an dernier, on patientait gentiment à Bruxelles quand j’ai reçu ce mail :
Re: Interview Municipal Waste - Brussels
Vendredi 23 juillet 2010 17h14
De: "Talita"
À: "Arnaud d'Armagnac"
Tour is cancelled.
Cette fois ci, il s’est avéré que dans le jour le plus pauvre (euphémisme courtois) en programmation du festival, on a animé notre tranche radio pile pendant le set du seul groupe que je voulais voir. Une histoire tellement absurde que ça en devient ma propre épopée Monty Python. Ca va presqu’être triste quand je vais finalement les voir.
J’avais essayé de rattraper le coup en leur posant enfin les questions qui moisissent dans mon bureau à peu près depuis que Scott Ian s’est rasé la tête, mais encore une fois un échange 2.0 a garni ma collection.
Hi Arnaud,
This is Dieter from 16/17 management. We represent Municipal Waste. I want to thank you for your interest, but we are not ready to do interviews right now. The band is currently working on new material and will have a new album out next year and we would love to do something with you in that time frame Please keep my contact info and I will keep yours and hopefully we can work something out in the future. Once again thank you for your interest in Municipal Waste.
Best Regards,
Dieter
Anyway, j’ai topé Ryan Waste dans le coin presse pour une photo névrose.
« Time flies when having fun » dit le chanteur de Hammerfall. Bordel, ce concert a duré trois décennies.
Ils ont fini sur ce monument de stupid rock qu’est « Hearts on Fire », même si je n’arrive toujours pas à comprendre la vidéo de crypto-curling qui accompagnait la chanson // Voir la vidéo.
Apocalyptica est aussi crédible qu’un groupe qui joue du violoncelle sur fond de double grosse caisse peut l’être. Un peu comme si cet horrible disque de Metallica avec un orchestre symphonique avait été une révélation pour une partie obscure de la planète. L’idée avait été lancée en 1969 par Deep Purple et tout le monde s’était accordé depuis pour dire que c’était une sacrée connerie pompeuse. Mais bon, ils ont aussi osé sortir un album à la pochette entièrement noire neuf ans après que ça ait été la blague ultime dans Spinal Tap.
Et puis bon, comment on peut décemment headbanger quand on a un violoncelle dans les mains ? Vivement que quelqu’un ait une idée bien pire pour sauver l’image des gars.
La scène ROCK HARD me fait vieillir d’année en année. Total Fucking Destruction. Severe Torture. Septic Flesh. Last Days of Humanity. Exhumed … Chaque fois que je passe devant, je me transforme en … oh gosh … adulte. « Non mais tout se ressemble » bla bla « c’est inécoutable » bla bla « dans les années 80, … » bla bla. Le métal est comme une poupée gigogne, toujours une plus petite subdivision dans la plus petites des divisions. Ca ferait marrer les gens qui pensent toujours que Led Zeppelin fait du hard rock.
Scorpions manquait de volume sonore, de façon étrange et rédhibitoire. Le rappel avec Still Loving You et Rock You like a Hurricane réveille quand même le joueur de Guitar Hero qui sommeille en chaque metalhead.
Viennent ensuite ces dix minutes en fin de soirée. Deux événements quasi-simultanés, une coïncidence. Le Hellfest rend hommage à Patrick Roy sur écran géant, feu d’artifice et For Those About to Rock d’AC/DC. Le public reste cérémonieusement en place. Emotion sincère et applaudissements nourris. Puis les Bad Brains chantent « Jah Love » sur un reggae down tempo. Rien ne sera plus jamais pareil à Clisson.
Des Bad Brains d’ailleurs terriblement mauvais. Une voix qui se délite chanson après chanson. Les gens qui vous diront être restés jusqu’à la fin vous racontent des gros bobards. On aurait dit l’Arche de Noé. « Run for your lives » chantait Bruce Dickinson. Loin de ce que le groupe a représenté, et donc d’une profonde tristesse.
Dimanche 19 // day # 3
Encore une bizarrerie de la prog, Red Fang ouvre le bal à l’heure de Téléfoot (j’aurais du dire « le jour du seigneur » mais on est au Hellfest et on sacrifie des poulets à longueur de journée). Les gars jouent comme s’ils tyrannisaient le garage de leurs parents. Ca sent la crasse et le parasite. Le soundier peut aller prendre son café, le son est brut et massif. PIM PAM POUM KERRAAAAANG. Le Tyson vs. Tavarese du rock (je vous épargne un Wiki : Mike Tyson avait gagné par KO à la 38e seconde). « Human Remains » et « Prehistoric Dog » devraient être classés patrimoine historique dans la communauté redneck.
A la base, j’aime bien Duff McKagan. Le fait qu’il soit fan de punk old-school (Fear, Misfits, Dead Boys), c’était la caution crédibilité underground de Guns’N Roses. Je dois même dire de façon honteuse mais reconnaissante que c’est grâce à lui si j’ai connu ces groupes. Mais bon, blondin est touché par le syndrome des mecs 80s augmenté du malus Los Angeles. Un show énergique mais un peu fake. Sa reprise de « Attitude » est un crime. C’est une faute de faire durer une chanson punk très courte à l’origine, en profiter pour présenter le groupe et faire chanter la foule sur des paroles qui disent :
I can't believe what you say to me
You got some attitude
Inside your feeble brain
There's probably a whore
You got some attitude
Inside your feeble brain
There's probably a whore
C’est quand même la connerie d’un mec qui s’est écarté de son propos d’origine tout en gardant ses repères adolescents. Un décalage existentiel, vraiment.
Une meuf avec un t-shirt Misfits ne relève même pas la tête pour la reprise. C’est le gros problème avec les fake t-shirts. Mais le truc remonte aux Ramones version Zadig & Voltaire hein.
A trois minutes et 200 mètres d’intervalle, Anathema et Grand Magus ouvrent leur show avec une chanson de Morricone, comme l’avait fait avant eux Metallica avec « Ecstasy of Gold ». Ce qui fait d’Ennio le nouveau Wagner dans le monde du métal.
Le show de Grand Magus était une pub de 40 minutes pour la double-pédale avec un chanteur essayant de rendre hommage à Eric Adams de Manowar. Un mélange si fascinant que je suis allé manger une crêpe.
Mr Big est un « supergroupe » des 90s avec un postulat de départ biaisé : des musiciens de studio virtuoses décident de fonder une coopérative des parts d’ombre pour s’acheter de la lumière. Entre les lignes, les tripoteurs de manche technico-chiants qui faisaient ce qu’on leur disait. Les gars ont commencé à écrire des chansons et on a pu scientifiquement prouver que la virtuosité n’était pas transmissible. Le groupe a donc cartonné avec une reprise de Cat Stevens … Bon, ça sonne un peu comme une blague entre nerds au Comic-Con mais apposée au heavy metal. Ah, et aussi une ballade en quatre accords sur guitare folk, « To be with you ». Tout ça pour ça, dudes.
Pendant ce temps, Goatsnake assène un concert locomotive avec un groove qui ne s’arrête jamais, une grosse machine à headbanger. Du stoner version Sabbath avec la batterie très au fond du temps. Je préfère le Desert Rock qui colle une batterie très dynamique sur un tempo lourd mais c’est ok. Ca doit aussi sonner comme un mix efficace de Black Sabbath et de rock 70s puisque pas mal de quinqua se mélangent aux indie boys sous la tente.
Judas Priest a été le choc de ce festival pour moi. Pour la prestation un peu, loin du cliché papy-rock qui vient cachetonner – le groupe tient la route comme n’importe quel groupe encore en vraie activité – mais surtout pour cet effet rare que le concert a produit. Je n’ai pas écouté beaucoup Judas Priest depuis la sortie de Painkiller en 1991. J’étais au collège et un pote à moi était très fan. On a donc écouté ce disque pendant bien un an après sa sortie, jusqu’à ce que Nevermind le remplace et m’aide à sortir du métal monomaniaque. Depuis, je ne me souviens pas avoir re-écouté un autre morceau que Breaking the Law, qui me ramenait davantage à Beavis et Butt-head qu’à Judas priest d’ailleurs. Bref, j’ai été frappé d’un de ces moments Back to the Future où il y a cette ferveur inattaquable qu’on ne ressent qu’entre son 14e anniversaire et la bise à une fille. Depuis mon retour, je me suis replongé dans le truc à temps plein et je ne veux pas m’enfoncer dans la description car ça m’a donné envie de faire un papier consacré. Ce groupe vaut plus que les clichés dans lesquels on l’a enfermé. Un concert incroyable anyway. De vrais refourgueurs de air guitar.
Des extraits de B-movies à la vixens diffusés en fond, une épaisse fumée, un contre-jour qui ne laisse deviner que des silhouettes, des brouettes de reverb dans la voix : the band who wasn’t there. Electric Wizard n’en fait pas des tonnes. Aucun éclairage sur le groupe, ce qui en fait le groupe anti-Pitchfork par excellence. On dirait un cauchemar à la Lynch, une plante vénéneuse qui t’endolorit avant de te cueillir. C’est tellement psyché que Black Masses devrait être rangé à côté de la méthadone. Le « Enter the void » de ta hifi.
Ozzy a une immense qualité : il a été le chanteur de Black Sabbath. Ozzy a un immense défaut : il a donné aux gens ce qu’ils souhaitaient recevoir. Comme Kiss l’an dernier, c’est super de pouvoir dire « hey, j’ai vu Ozzy Osbourne les mecs » mais sur le moment, t’es surtout en face d’un mec un peu largué qui a besoin que ses musiciens fassent 20 mn de solo au milieu du set pour gober de l’oxygène. Tu vois quand tu ne veux pas aller voir ta vieille mamie à l’hôpital pour n’avoir que le souvenir d’elle en pleine forme ? Beh voilà, ce n’est pas l’image que je veux garder d’Ozzy.
Il y a ce mec omniprésent au coin VIP, un journaliste péroxydé de la presse hype, accompagné par des posers qui regardent les gens comme des candidats de l’Amour est dans le Pré ou de vieux épisodes de Strip-Tease. Il porte un chapeau de paille, des bagouzes cheap et a un look hipster qui sonne aussi juste ici qu’Hitler en visite à Jérusalem. Le gars nous montre sa chemise à fleurs très tendance à la sortie des Beaux Arts et nous dit : « j’ai fait un look 1995. Enfin j’ai essayé. »
Qu’est-ce qu’il s’est putain de passé en 1995 mec ? A part la Brit Pop. Le temps qu’on réagisse, il était parti. Et vivant.
Un an après la reformation surprise au même endroit, Kyuss Lives. The place to be for hipsters, de façon assez décevante. L’an dernier, on devait être 300 sous la même tente. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai du épeler le nom et la majorité des gens disent encore /qiousse/ voire /qiusse/ . C’est vrai, c’est réaliste les mecs, un groupe américain de gros durs vaguement redneck qui choisit de se nommer qiousse. On se noie maintenant sous un flot de superlatifs. C’est le groupe préféré de tous et même MGMT sera bientôt labellisé ‘stoner’. Le public du Krakatoa cinq jours plus tard était bien plus authentique. Super setlist par contre, et notamment la killer-intro : Gardenia / Hurricane / Thumb / One Inch Man. Oh Gosh !!
Encore une édition très cool avant de grossir l’an prochain. De plus en plus d’étrangers et d’après les interviews, un festival qui compte pour les groupes. Long live to Hellfest !