Chronique du Power Festival, Belgique
C’est marrant comme des fois, deux processus s’entrechoquent, alors qu’à l’origine ils n’ont rien à faire ensemble.
Depuis presque dix ans, je me suis juré d’essayer un jour la méthode d’écriture de William Burroughs. Le Cut-Up. Ecrire un texte, le découper et le réécrire en changeant l’ordre des séquences. S’ouvrir de nouvelles perspectives, casser les codes.
Le fait que je me sois tenu de le faire enfin le jour où je rédige un blog très modeste sur ma virée thrash et stoner en Belgique est dommageable, complètement inadapté sous quasiment tous les aspects. J’en suis conscient et je vais le faire quand même. Insouciance adolescente vs. Inconscience punk.
Au programme, Brant Bjork à La Louvière le mercredi et Municipal Waste à Bruxelles le samedi.
« Je préférerai toujours sortir 50 albums moyens que 5 chefs d’œuvre sur lesquels j’aurais bossé des années. »
La Louvière, Belgique. Un jour de fête nationale. Festival gratuit. Un assortiment de punk, rockab, voisins, (très) jeunes et (très) vieux. Le Powerfestival a en fait un faux air de kermesse de fin d’année 1972. Un truc me tiraille toute la journée : c’est insensé que Brant Bjork soit tête d’affiche ici. Mon pragmatisme me l’impose mais mon cerveau n’arrive pas à faire le lien.
La Voix du Nord accorde un encadré à un fait divers d’une vieille dame de Stockholm retrouvée morte à son domicile avec 193 chats… et rappelle une loi suédoise : un même foyer ne peut posséder plus de neuf chats. Euthanasie pour 184 d’entre eux.
Autour d’une bière, on rencontre Antonio, un vieux belge qui a 48550 vinyles, mais que sa femme a largué. Il nous expliquera le chemin de l’un à l’autre en 5 gorgées.
On s’adonne à un jeu de pistes improbable pour retrouver DEAD ELVIS à sa descente de scène. J’aimerais bien l’interviewer rapido, mais ce one-man band entre le King, Hasil adkins et les Cramps joue avec un masque de zombie en latex. Retrouver un mec seul que personne-n’a-vu-car-il-porte-son-masque-et-que-tu-comprends-bon-quoi … KISS devait être le groupe le plus heureux des années 70.
Pas chère cette chambre de Formule 1 dans la zone portuaire de Zeebrugge. Chouette vue en plus.
Un quartier entier est fermé pour assurer le festival, dans ce Notting Gulch wallon. Toujours plus de vautours que de têtes de bétail et on doit côtoyer les 80 % de chômage.
Manger de la fricadelle assis face à la mer du nord à Ostende, ça relève du top cool, mais … qu’est qu’ils y mettent dans la fricadelle ? C’est un met « incertain ». Vivement une connection wifi pour me tranquilliser.
Pendant l’interview, un détail me crispe. Brant Bjork porte un t-shirt Blue Oyster Cult. Pendant les essais de son avant de monter sur scène, je note quand même que son crew passe ‘Rock and Roll Over’ de KISS en entier sur la sono. Deux fois de suite. Oui, même ‘Hard Luck Woman’. Un acte de foi rare.
Aussi sur l’affiche, le stoner des calaisiens de Zoé (http://www.myspace.com/zoestonerrockband2 ), du Kyuss joué par Skid Row. Ramon Zarate (http://www.myspace.com/ramonzarateband ), du stoner sérieux influencé par Dozer ou Alabama Thunder Pussy. Speedball Jr, de la surf traumatisée par Dick Dale mais avec la classe d’un Hammond vraiment bien pensé et du Powersolo dans l’attitude (http://www.myspace.com/speedballjr ). Enfin, Justin(e) qui affiche sur son merch « Groupe de merde en concert de merde dans ta ville de merde ». Cette clairvoyance crée l’empathie nécessaire pour ne pas s’étaler dans la destruction critique. De l’alterno-punk à chien français, mais une chanson sur Jean-Claude Suaudeau et le jeu à une touche de balle. Alors bon… (http://www.myspace.com/justinepunkrock )
Le 21 juillet, c’est la fête nationale belge, dis donc. Et dire que pendant une heure, on a mis les magasins fermés sur le compte de la crise. Le poncif wallon, j’imagine.
Fricadelles
Ingrédients (pour 6 personnes) :
- 2 oignons
- 10 g de beurre
- 4 pommes de terre
- 1 oeuf
- 500 g de restes de viande
- persil et cerfeuil hachés
- sel, poivre, muscade
- farine
- 2 ou 3 cuillères à soupe de graisse (beurre, huile, saindoux, margarine...)
Banane Metalik
(666% Gore n’roll)
- 50 % Cramps
- 50 % Misfits
- 6 maquillages de zombies
- le plus gros public du festival
- le plus mauvais son du festival
- gore super cheap mais très sérieux
Je sais que je vais prendre pas mal de spécialistes sur le rable, mais ce show était inécoutable. Pourtant j’apprécie vraiment le psychobilly, je pense juste que Banane Metalik a plus de sens dans un club où sa prestation ne se dilue pas dans les commandes de bière des bars latéraux et dans une sono de bingo dominical.
- Ah, mais c’est encore la fête nationale ?
- Non non, on ferrrme tous les jourrrs à 18 heurrres.
La virée est aussi l’occasion de découvrir l’équivalent wallon de nos Pastors of Muppets. Les Moonshine Playboys viennent du « bayou sulfureux d’Anderlecht » et jouent des classiques dans un monostyle de bluegrass white trash qui rappelle « O’Brother where are thou ? », mais avec l’accent belge quoi. Ca enchaîne « Fight for your right to party », « Anarchy in the UK » et « Voodoo Chile » et l’assistance prend un air de blind-test en s’aidant souvent des seules paroles. http://www.myspace.com/themoonshineplayboys
Il est 23 heures. Antonio danse du madison sur Brant Bjork. Je ne sais pas si je dois y voir un profond chagrin ou un amour intact de la musique.
Uncommon Men From Mars. 14 ans again ! Un groupe teenager depuis qu’ils sont teenagers, ce qui équivaut maintenant plus ou moins à l’âge d’un authentique teenager. Pendant le concert, un coup de génie absolu avec ce mec qui tente un slam en se jetant de la scène alors que le gros du pit est composé de 3 personnes. J’allais dire que le show était « marrant », mais justement, le groupe ne prend jamais le risque d’être « marrant ». C’est un peu la différence qu’explique Robert Downey Jr. à Ben Stiller dans « Tonnerre sous les Tropiques ».
A Bruxelles, un français qui vit au Japon et qui bosse en Belgique nous dit qu’on ne le laisse pas tranquille. Il peut faire couler la moitié de l’élite avec ce qu’il sait d’affaires criminelles ou d’extorsion de fonds. Il nous expose aussi sa théorie à propos des fausses infos sur les bouchons de départ en vacances, balancées dans les médias : l’absence de ce marronnier de l’été déprimerait les français, mais les bouchons ont disparu dans dix années de récession.
« It’s Ok if you’re drunk because I am too ». Brant Bjork et son killer band (bien meilleur que tous les Bros et Operators) sont de toute évidence bien cuits, mais le set s’en trouve encore plus laid-back que d’habitude. Ca sent la fin de tournée, un peu la mélancolie, et les jams s’étirent et vont régulièrement dans le rouge du Vumètre. Moins axé sur le format chanson qu’au Hellfest, mais un super concert de potes.
Re: Interview Municipal Waste - Brussels
Vendredi 23 juillet 2010 17h14
De: "Talita"
À: "Arnaud d'Armagnac"
Tour is cancelled.
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