dimanche 28 août 2011

FRIDGE OF FAME # 1 // KISS - Destroyer (1976)



Chez moi, tous les vinyls sont posés par terre, contre les murs. Je n’ai pas trouvé de rangement qui me conviendrait mieux. L'agencement est personnel mais bien trop égalitaire (Neil Young = Manowar ?) et j’ai voulu commencer à distinguer mes disques préférés. J’ai ainsi créé le Fridge of Fame avec mon vieux frigo 60s. Le Panthéon de ma collection. « Entre ici, disque d’occasion... » . Dans les faits, il ressemble à ceci.


Photo @ Louise Dehaye


Pour compenser, j’ai aussi créé le Wall of Shit, comme pour donner du panache au syndrome manichéen du fan.
Je ne pouvais que commencer cette rubrique par un disque de KISS. Je suis un immense fan de la première période, avec le line-up original. Je n’aurais pas choisi celui-là pour tout dire, mais semaine après semaine « Kiss destroyer » est la recherche Google qui amène le plus de monde sur mon blog … La loi de l’offre et la demande, vous savez.




Le pic de popularité du groupe s’est étendu de 1975 à 1977. A l’époque où les maisons de disques font tourner les machines, c’est un temps parfaitement suffisant pour sortir trois de ses meilleurs albums et deux lives.
Les journaux faisaient la course au cliché des gars sans maquillage. Un truc un peu bidon puisqu’on sait maintenant que pas mal de soirées avec musiciens et journalistes ont hérité de photos soigneusement gardées dans des tiroirs poussiéreux.




Les quatre membres avaient un rôle égal dans KISS, chacun chantait ses chansons : une version heavy metal des Beatles. Tant qu’Ace Frehley était là, le groupe écrivait même de vraies chansons, un style immédiatement reconnaissable et qui a influencé un paquet de musiciens (Scott Ian, Trent Reznor, Dimebag Darrell ... Lenny Kravitz). On doit reconnaître une chose de plus à KISS. Attirer l'attention, définir une personnalité forte puis être dénigré en peu de temps et enfin passer le reste de sa vie à errer dans la peau d’une caricature de soi-même .... c’est comme si le groupe avait inventé la TV réalité.
A la grande époque, KISS s’est construit une image sombre et dangereuse. Les parents détestaient ça : l’argument commercial ultime pour les teenagers. En 1978, Gene Simmons révélait sa face crooner sur son album solo. En 1979, le groupe enregistrait I was made for loving you. Seul Brian Joubert a fait plus de chutes en moins de temps. Le groupe est devenu une blague, un prétexte merchandising pour les kids.



Les new yorkais n’avaient pas vendu leurs trois premiers albums et étaient désespérés du son du groupe en studio, qui peinait à restituer leur énergie sur scène. Dernière chance donnée par Casablanca au bord de la faillite : un disque live. Alive aura des ventes hallucinantes (110 semaines dans les charts). C’est le démarrage de la folie autour du métal bubblegum. Mais voilà, pour surfer sur la vague, KISS doit re-rentrer en studio. Davantage de moyens. Davantage de pression aussi. Bref, en 1976 sort DESTROYER, produit par la superstar des potards Bob Ezrin.
La pochette déjà. Les trois premières pochettes revendiquaient un tas de trucs un peu disparates : le glam rock, le marché nippon ou l’appartenance à l’esprit downtown NY.






Le ton change. On est à fond dans les personnages de fiction dans la lignée de ce que dégage le groupe sur scène. Quatre gars maquillés ont mis une civilisation à sac, des buildings sont en feu et ils ont l’air de bien s’en carrer. Oui mais ils l’ont fait avec leurs costumes de scène. En dessin pour renforcer le côté comics. Le grand merchandising est lancé.



L’intro est longue. Surprenant pour un groupe qui se veut aussi catchy et efficace de se permettre le luxe de s’offrir cette intro théâtrale, cinématographique en fait. Paver son super hit de bruits de moteur pour rester dans le propos aussi, c’est surprenant. Ou débile. Mais comme l’avait dit David St Hubbins : « It’s such a fine line between stupid and clever ». C’est un peu l’ambiguité sur laquelle tient toute la carrière de KISS.
J’adore le Bob Ezrin qui a façonné les premiers albums d’Alice Cooper, un vrai génie. Le Berlin de Lou Reed aussi. Mais le mec a toujours été pompeux. Ce qu’il a fait pour the Wall de Pink Floyd, sur the Elder de KISS plus tard, son attachement aux concept albums. Et si on doit au gars certains des meilleurs productions de l’histoire, on doit lire des lignes pénibles sur son CV, comme Téléphone (dure limite) ou 30 seconds to Mars. C’est surtout pour mon moi-même adolescent le mec qui a poussé Ace Frehley vers la sortie de KISS. Leur relation a tourné très vite au bordel et Ezrin a régulièrement utilisé des musiciens de session pour les solos de guitare. Phil Spector avait décidé que le leader des Ramones était Joey. Ezrin a décidé que ce serait Stanley et Simmons pour KISS, tout en poussant un Peter Criss déjà absent à chanter une mièvrerie assassine. Bref, ce mec a tout du trou du fion définitif dans mon histoire personnelle avec KISS. Ce mec – très certainement sous crack – est capable de donner un « son » au versant le plus sombre de l’humanité sur God of Thunder et en même temps de mettre systématiquement les guitares sur la position « cheesy » (King of the night time world, Shout it out loud). On avait critiqué Spector pour faire jouer de la pop aux punks de NY : Match nul. Avantage aux points pour les Ramones, vu que les chansons restent quand même … well … bonnes.




C’est surtout l’enchaînement God of Thunder/ Great Expectations qui laisse des traces. D’un côté, on fait un pas quasi-définitif vers le stoner. C’est nasty. De l’autre, c’est le démon sanguinaire dieu du tonnerre cracheur de sang qui chiale dans sa bière Disney ? Sans rire !? Gene Simmons chante une bluette orchestrale complètement à dégueuler. Ce qui est assez ironique, c’est que l’intro de la chanson est un « emprunt » du thème de Beethoven (Sonate N°8 en Do mineur – opus 13) nommé « Pathétique ». On dirait que Ludwig Von avait déjà senti le coup.
Dans le plus pur style de KISS, aucune mention de cet emprunt n’est faite et le songwriting est attribué à Simmons et Ezrin.




Un album un peu à part dans la early-discographie de KISS. Un mélange entre supra-tubes avec une production enfin puissante et impressionnante (Detroit Rock City, King of the Night Time World, God of Thunder, Shout it Out Loud, Do You Love Me), des chansons purement Ezrin-iennes (Great Expectations, Flaming Youth, Sweet Pain) et cette chanson qui justifie le vandalisme … Beth.
Ok, il y a l’histoire romantique de la fameuse face B du 45 tours. Les radios passaient Detroit Rock City et la faiblarde ballade chantée par Peter Criss était calée de l’autre côté de la bordure. Le groupe voulait être sûr que les stations passeraient le single et avait donc mis la chanson la plus faible de l’album comme seule alternative. Un jour, les radios ont commencé à jouer Beth, et sombre ironie du goût mainstream, c’est seulement ce jour là que les ventes de Destroyer ont décollé. Gros succès. Airplay massif. Gosh, cette chanson est si mauvaise. Et les paroles sont à toper le virus Ebola direct. Oh Beth, je traîne avec les copains, on est à la répét, je sais que tu m’attends encore comme une nase dans notre pavillon de banlieue mais j’espère que tu vas t’y faire parce que je préfère vraiment jouer du rock avec mes potes.
Dude, vu comment tu t’es fait jeter trois ans plus tard, t’aurais vraiment du rentrer chez toi.




2 commentaires:

  1. Pas de COLD Wave dans ton Fridge Of Fame ? Les albums de The FREEZE peut-être ? Avoue, t'as au moins du ICE-T là-dedans ?

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  2. Même pas ... le concept est foireux, mais le four était trop risqué et le cercueil ne passait pas dans l'escalier. "Coffin of Fame" ... quelle classe. Dommage.

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