vendredi 13 mars 2015

Turbonegro must be destroyed

Once Upon a Fan


 “A hero is a goddam stupid thing to have in the first place and a general block to anything you might wanta accomplish on your own.” Dans les 70s, Lester Bangs a injecté un principe crucial dans la journalisme rock, le principe en fait normal du « une vraie personne parle à une autre vraie personne » dans les interviews. Mais (mal) exploité par d’autres plus tard, ça a donné le gonzo et ça a mené à sa perte toute l’écriture des blogs en en faisant une masse totalement indigeste de « je suis le sujet important de mon propre article ». Le très insupportable Me, myself and I malsain et mal maîtrisé. Bangs a aussi eu à coeur au fil de sa carrière de malmener particulièrement les artistes dont il était le plus fan. Ses entretiens avec son héros Lou Reed ont souvent été près de se finir en baston bien nerveuse.
Je suis parti sur la même ligne de conduite, ne pas être complaisant avec les groupes dont je suis fan. Je fais partie de la turbojugend, le fan-club de Turbonegro, et je porte ma veste en jean très reconnaissable un peu partout sur les festivals. Alors quand j’arrive face à ces deux mecs cools, un pince sans rire vraiment classe et le dernier guitar hero du rock modeste et quasi-muet, et qu’ils me voient avec ça sur le dos, je ne m’attends pas à ce qu’ils se disent quoi que ce soit d’autre que « allez, encore un fan-boy. Classique. Les doigts dans le nez.» Ce n’est pas envisageable,. Le but n’était pas de les mettre en colère non plus, gratuitement, mais de les pousser dans les vrais problèmes et qu’ils convainquent le public en réagissant à la cool. Je m’en veux un peu mais ...  je préfère mon éthique à une quelconque réciprocité de l’amour que je peux porter à un groupe. 
Interview publiée dans Abus Dangereux # 134


 
Vous êtes sur une activité en pointillé actuellement, pas vraiment en tournée mais ... (il coupe)
Rune : oui, on fait juste des festivals cet été.
C’est dommage car vous sortez de l’underground et des clubs et il n’y a plus beaucoup d’opportunités de vous voir dans ces conditions.
Euroboy : Mm, c’est juste ton opinion, juste ton opinion.
Rune : On ne fait pas ce genre de distinction entre clubs et festivals.
Sur votre compte Instagram, on vous voit pas mal en studio en ce moment. Vous enregistrez le nouvel album ?
Rune : on écrit de nouvelles chansons.
Euroboy : oui, on bosse sur quelques trucs mais ce ne devrait être qu’un single pour la fin d’année. Rien de construit.


Parce que du coup, en postant ces photos, vous avez alimenté l’auto-rumeur comme quoi vous bossiez sur un  album, sans le vouloir. Vous prenez votre temps. Avec du recul d’ailleurs, est-ce que vous pensez que vous ne vous êtes pas trop précipités quand Sexual Harassment est sorti très vite après la présentation de Tony (NdR : Sylvester, le chanteur qui a remplacé Hank Von Helvete), avant même de s’être fait la main sur les festivals d’été à l’époque ?
Euroboy : Euuuuh ...
Rune : je pense au contraire que c’était le timing parfait.
Euroboy : Il a atteint la première place dans les charts en Norvège, et je pense qu’on a fait des shows plutôt solides sur cette tournée. Même aux Etats-Unis. Je trouve que tout ce qui a entouré cet album a été un grand succès, au contraire.
Je ne parlais pas des ventes, mais de la qualité et l’homogénéité de l’album en comparaison avec les disques précédents. On sent qu’il y a de bons trucs mais que ça a peut-être été un peu trop vite. Comme pour rassurer les fans après une période de flou. Je dis simplement que ça aurait pu être un album différent si vous aviez attendu que Tony prenne ses marques sur la route.
Euroboy : je crois que tu te plantes. Ca faisait 4 ou 5 ans depuis le dernier disque et on a écrit ces morceaux depuis, ils n’étaient pas exactement frais. Des morceaux comme « You give me worms » ou « Dude without a face » ont été écrit pendant que Retox sortait. On a même des démos de ces chansons avec Nick Oliveri au chant.
Sexual Harrasment sonnait très Ass Cobra, très punk. Principalement à cause de la voix de Tony.
Rune : oui, un retour aux sources, il avait été en grande partie enregistré live en studio.
Euroboy : qu’est ce que tu veux dire par là ? « Principalement à cause de la voix de Tony » ?
Que la voix de Tony est très rêche et brute. Et que ça mène naturellement à ce que les compos sonnent comme quand vous étiez dans les années Ass Cobra avec un punk qui s’apparente plus à un bourre-pif.
Euroboy : je crois que ça n’a rien à voir. Ce disque a été enregistré avec un producteur, dans un studio confortable à New York, et les chansons ont été longuement répétées, sont mieux écrites. C’est un album bien plus professionnel.
Rune : Ass Cobra s’apparente juste à une compilation de singles punk qu’on jouait à l’époque.


 
Les morceaux que vous êtes en train d’écrire vont dans cette même direction ?
Euroboy : Ca va être plutôt différent. Très mainstream, plutôt commercial, on vise le passage radio.
Non, mais sans déconner.
Euroboy : personne ne déconne ici.
Bah, même les Minutemen l’ont fait sur Project : merch. Ce n’est pas si grave.
Rune : j’adore cet album.
C’est dur pour vous de vous placer des fois, uh ? Vous êtes trop punks pour le public métal, trop heavy metal pour le public punk, trop classic rock pour l’underground, trop underground pour le mainstream.
Rune : je pense qu’on est ok là où on est.
Euroboy : on est un groupe qui a un sens du passé rock. Si tu as des références, tu vas entendre beaucoup d’échos et d’hommages dans ce qu’on fait. Iggy Pop, les Rolling Stones ou les Ramones. Il y a aussi des éléments plus provocateurs de la culture gay avec beaucoup d’éléments glam rock aussi. On est ancrés dans le rock scandinave aussi, on peut difficilement se départir de l’association au black metal. On a pas mal de cordes à nos arcs, je crois que beaucoup de gens peuvent se sentir concernés par ce qu’on fait, au contraire. On peut jouer dans n’importe quel festival sans se sentir à côté de la plaque.
Très cool. Et qu’est ce qui se passe avec Pal Pot Pamparius ? Il va rejoindre le groupe à un moment ou il est parti pour toujours ? Parce que selon moi, il est le vrai élément manquant de la formule actuelle, bien plus que Hank que la majorité des fans préfère pleurer.
Rune : Mm non, je ne pense pas qu’il revienne dans le groupe. On est bons amis, mais il a d’autres priorités maintenant.
Merci les mecs, c’était sympa. On peut faire une photo quand même ?
(long silence) (visages crispés)



A lire absolument en bonus, le très cool papier de Noisey Vice sur les Turbojugends, mitonné au Hellfest 2014 >> Turbojugend Rising.

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