mardi 12 avril 2011

Google Freaks # 1



Dans cette nouvelle rubrique du blog, j’écrirai un papier inspiré par la plus étrange des recherches Google récentes qui a conduit à ce blog.

Jeudi 7 avril // Dit Quesque il sont hanter les Pink Floyd

T’as complètement raison, internaute décérébré et dyslexique. Et à plus d’un titre.



  • Hantés par un mauvais leader

Pink Floyd semble toujours avoir pâti du leader du moment. Le syndrome perpétuel de « la mauvaise personne au mauvais endroit ».
Syd Barrett s’impose comme le leader logique des débuts du groupe. Il écrit toutes les chansons et a une présence magnétique sur scène. Mais son cerveau est vite cramé par le LSD et il devient un fantôme inconsistant à partir de 1967. Il est remplacé par David Gilmour et un jour, le groupe ne passe simplement pas le chercher chez lui avant un concert. Game over.
Après une période démocratique (la meilleure) où tout le monde a un rôle important dans le processus créatif, Roger Waters s’autoproclame leader. Il est paranoïaque et beaucoup trop pragmatique (oui, bon, terre à terre, ok) pour être psychédélique. Il met le groupe sur la voie des concepts et des structures rigides.
David Gilmour assure le reboot en 1987. Il est propulsé leader car il s’agit avant tout de son projet solo, auquel il rajoute Nick Mason et Richard Wright. Il récupère ainsi le nom Pink Floyd et met un coup de pied dans le conflit juridique qui l’oppose à Waters. Mais voilà, Gilmour était meilleur en tant que lieutenant. Son rôle dans la définition du son était indubitable, mais sa sécheresse chronique de composition a un côté rédhibitoire. Parfois, les gentils ont du mal à exister sans leur némesis.
En creux, comme l’avait souligné le magazine Mojo il y a quelques années, il y a le « what if ? » de Richard Wright. Le dossier, alimenté par plusieurs collaborateurs de l’époque, regrettait que de 1968 à 1973, dans le flou collectif laissé par le départ de Syd Barrett, Richard Wright n’ait jamais pris le rôle de leader. Moteur musical du groupe, Wright semblait être la personne idéale pour remplir la chaise vide de Barrett. Mais sa personnalité effacée et ses problèmes de couple et de drogue dès 1973 l’éloignent d’un rôle important jusqu’à le conduire carrément à la situation humiliante d’être un simple salarié sur la tournée The Wall… Si Wright avait été au volant, on peut penser que Pink Floyd serait resté du bon côté de l’underground et n’aurait jamais opéré de virage « rock de stade ».


Syd Barrett // 1969


  • Hantés par Syd Barrett

5 juin 1975 - Le groupe écrit en studio l’album « Wish You Were Here ». Le titre est de l’ironie vis-à-vis des cartes postales et de cette phrase consacrée. Le disque a pour thème l’absence, et notamment l’aliénation de Syd Barrett. Les autres membres avaient souvent dit qu’il était là sans être là. Essentiel et omniprésent, et complètement absent. Des propos récurrents qui ont mené à ce concept. Un sujet provoqué par la période que traversait le groupe. Après le succès de Dark Side of the Moon, le groupe est vidé et quelque chose s’est cassé. Le groupe entre en studio sans aucune chanson ou idée. C’est sa propre absence que le groupe aborde. Gilmour fait tourner les quatre notes autour desquelles se construira Shine on You Crazy Diamond.
Un gros gars chauve se pointe alors au studio. Un peu de temps se passe avant que les membres du groupe reconnaissent un Syd Barrett désorienté. Conversation décousue et incohérente, il se dit prêt à offrir ses services au groupe puis part sans rien dire. Wish You Were Here. Aucun membre du groupe ne le reverra avant sa mort en 2006.
Outre cette apparition spectrale, Pink Floyd avait mis quatre albums à se remettre de l’influence de Barrett et ce n’est qu’avec Meddle (1971) que les quatre survivants avaient trouvé leur propre style.

Syd Barrett // 1975


  • Hantés par les mauvais choix ?

En mars 1968, Syd Barrett est viré du groupe. Jenner et King, les managers du groupe, rompent leur contrat et suivent Barrett car « c’est lui le génie créatif ».
  • Hantés par les mauvaises chansons

Pour la plupart des gens, Pink Floyd, c’est deux chansons : Money et Another Brick in the Wall (part 2). La première était une mise en abyme de la logique roborative de l’argent. La seconde a été collée et arrangée en studio par le producteur relou Bob Ezrin pour toucher les radios à une époque où le groupe était en danger financièrement.
Ces deux chansons offrent une vision très trompeuse sur l’identité du groupe.
Les chefs d’œuvre de Pink Floyd sont largement méconnus, en revanche : Echoes, Shine on You Crazy Diamond ou Time pour citer les plus évidents.




  • Hantés par leur époque

Le groupe éclot en pleine vague psychédélique et suit l’évolution du style vers le rock progressif. Ils sont prisonniers de cette image chez les gens qui ne les connaissent que de loin. Dark Side of the Moon cristallise les concept albums et installe Roger Waters aux commandes.
En 1977, Animals est un des disques aux propos les plus punks de l’année en Grande-Bretagne : le groupe reprend l’idée de George Orwell dans son livre Animal Farm en résumant la société aux animaux comme les pigs (politiciens), les sheep (le peuple) et les dogs (l’autorité), et n’hésitent pas à s’attaquer directement à des membres du gouvernement qui allait conduire à la décennie Thatcher. Mais les punks ont fait de Pink Floyd l’archétype du groupe à abattre. Personne au bout du fil.
  • Hantés par la pub Gini

1974. Avec dix ans d’avance sur ce type de pratiques, Pink Floyd fait une pub pour le soda. Gros malaise chez les fans, le groupe reverse ses gains à des œuvres de charité. Sévère coup de mou niveau popularité.
Vingt ans plus tard, Volkswagen sortira une Golf Pink Floyd sans aucun commentaire.




  • Hantés par un discours très actuel

En 1974 toujours, la chanson Welcome to the Machine (Wish You Were Here) traite sur le fond et la forme de la déshumanisation de la société et de la musique, donc. La guitare acoustique perce la rythmique industrielle, laissant se profiler un dénouement moral. A l’ère du mp3 et de Lady Gaga, personne ne peut dire qu’il ne comprend pas le truc.
Where have you been?
It's alright we know where you've been.
Le propos est même très intéressant, vu de l’an 10 après le début de la tyrannie du web-mainstream et des forums internet.
Welcome to the machine.
What did you dream?
It's alright we told you what to dream.




  • Hantés par un retour potentiel mais inachevé

2 juillet 2005 : les quatre membres sont de retour pour le Live 8 après vingt ans de conflit juridique. Bob Geldof a du insister mais l’essentiel est là. Regrets sur le passé dans la presse, relations apaisées, regain d’intérêt commercial pour Pink Floyd, chaque musicien laissant planer le doute au fil des interviews. Mais Richard Wright meurt alors que Roger Waters solde ses comptes avec sa comédie musicale sur la Révolution Française … Timing is everything.




And if the cloud bursts, thunder in your ear
You shout and no one seems to hear.
And if the band you're in starts playing different tunes
I'll see you on the dark side of the moon

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