lundi 11 avril 2011

Look at the book

Voici deux chroniques de livres Camion Blanc que j'ai écrites pour le fanzine Abus Dangereux

Einsturzende Neubauten

Pas de beauté sans danger

Max Dax et Robert Defcon

Camion Blanc


Archétype du groupe obscur pour un nombre considérable de gens, Einsturzende Neubauten est punk dans le sens premier du terme. Ne pas en faire partie. Kein bestandsteil sein. Auto-détermination et opposition permanente. Créer librement, s’exprimer avec des moyens qui leur appartiennent. Faire fi des influences, brûler pour reconstruire. Les nouvelles constructions en train de s’écrouler. Einsturzende Neubauten. Repenser la musique en s’affranchissant des clichés. Pas besoin de bassiste quand on peut taper comme un sourd sur un tuyau en caoutchouc. Franchir les limites, explorer ces zones que notre inconscient a toujours préféré délaisser. Le groupe est en symbiose avec ce Berlin-Ouest emmuré dont il fait partie intégrante, reprenant à son compte tout le matériel urbain et industriel qu’il côtoie dans son environnement. Il y a aussi l’aura dense de Blixa Bargeld qui se fait remarquer par Nick Cave et devient la pièce centrale de ses Bad Seeds.

Le livre est écrit à la manière de Legs McNeil dans Please Kill Me, les deux auteurs s’effaçant complètement derrière les souvenirs des acteurs directs en coupant 49 interviews pour en faire un récit autonome. Une tentative de cartographie des marges. Plus un voyage initiatique qu’une biographie.




Gene Simmons

Kiss sans fard

Camion Blanc


Lire l’histoire de Kiss écrite par Gene Simmons, c’est comme confier la bio de JFK à Lee Harvey Oswald. Les fans du line-up original ne pensent pas que du bien de la dérive commerciale et très rentable qu’a vécu le groupe. A partir de 1979, le boulot de Kiss était de vendre des lunch-boxes et des t-shirts, pas d’écrire des chansons. Le dernier outrage impardonnable en 2002 a été de voler le maquillage des deux membres originaux récalcitrants et de les franchiser, pour mettre un salarié quelconque dessous. Sous ces décisions, un homme : Gene Simmons.

Pour le fan que je suis, le livre se lit donc entre fascination teenager et dégoût contemporain. Le livre n’a pas la prétention de retracer l’histoire de Kiss, il est même décevant à ce point de vue. A partir de 1979 – on est déjà aux ¾ du livre – Gene Simmons se désintéresse du groupe et s’enfonce dans une mégalo terrible. Gene a un fils, Gene fait des films, Gene achète un appart, Gene a une meuf. On y parle beaucoup finance aussi. Mais le gros défaut du livre réside dans l’acharnement bileux de bout en bout sur Ace Frehley. Le guitariste originel était le favori des fans, et a souvent subi les humiliations psychorigides de Simmons quand il était dans le groupe. Il était surtout la signature sonique du métal-bubblegum désuet de Kiss.

On peut en vouloir à ce gars d’avoir confisqué aux kids ce groupe qui avait une âme. Gene Simmons a voulu gérer un groupe de rock outrageux en essayant d’atteindre la respectabilité lisse d’un spectacle de Broadway. Comme il dit quand Bruce Kulick est intégré au groupe, « pour la première fois, la tournée à venir n’occasionnait aucun stress, maintenant qu’Ace et Peter ne faisaient plus partie du groupe ». Apparemment, sur la même période, le stress s’est reporté sur les fans.



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