vendredi 14 décembre 2012

A night with the Hives


Fraîchement arrivé dans les bacs, Lex Hives est le cinquième album des suédois. Retour à la ligne droite après une incursion ratée dans la hype sur The Black and White Album en 2007. Sur scène, des tubes, du punch et toujours autant d’idées: les roadies sont par exemple déguisés en ninjas et arpentent la scène furtivement, en prenant le temps de taper sur une cowbell entre deux interventions sur un câble. Sûrement la plus grande idée 2012. Pelle prend le public en otage, bricole avec les limites de son vocabulaire français et s’est assuré que personne ne reparte en crachant un « c’était mieux avant ».
Interview avec un guitariste élevé dans la tradition Groucho Marx – Nicholaus Arson – et un batteur taillé dans le flanc viking de la Suède, Chris Dangerous.

Crédit photo @ Nicolas Fontas
 
Cinq ans depuis le dernier album, c’est plutôt long par rapport à votre rythme habituel. Il y a même eu une période où les fans ne savaient pas si vous étiez encore ensemble. Qu’est ce qui s’est passé ?
Chris Dangerous : On a tourné pour ‘the Black and White album’ pendant trois ans. On a eu quelques problèmes personnels. Ca nous a obligé à y aller cool pendant un moment. Et on a pris aussi beaucoup de temps pour travailler sur ‘Lex Hives’. Cinq ans, ça fait beaucoup c’est sûr mais – bah – je ne pense pas que quelqu’un ait pu sérieusement pensé qu’on avait splitté. On a l’image d’un de ces groupes qui continue tête baissée sans trop faire attention à tout ce qui se passe autour.


 
C’est quoi le truc avec Lex Hives (NdR : Lex = loi en latin) ? C’est un ensemble de lois que vous avez écrit sur un mur du studio, comme dans le livre Animal Farm de George Orwell ?
Nicholaus Arson : C’est lié à la façon dont on a créé l’album. On s’est conformés à nos lois élémentaires parce qu’on voulait faire le disque le plus Hives possible. Quand on était plus jeunes et qu’on a commencé le groupe, on avait l’habitude de s’interdire certains trucs pour être sûrs de ne pas être des nases. Tout ce qui nous paraissait rédhibitoire dans les chansons des autres. Tout ce qui éloignait ces groupes du cool à nos yeux. C’est le même genre de lois qu’à l’époque, mais je peux te dire que ce sont des lois très changeantes, ah ah. Certains articles ont perdu de leur cool le temps qu’on s’y mette concrètement, il a fallu se faire une raison.
Tu peux donner un exemple de loi, c’est assez obscur vu de loin.
NA : Tu n’es pas autorisé à jouer un beat funky.
Très bonne idée. Lex Hives suit le Black and white album que vous aviez fait avec notamment Pharrell Williams et quelques autres producteurs hype. C’était plus dans l’espoir de capter l’air du temps, plus synthétique que vos autres disques. Je vois vraiment un parallèle avec les paroles de la chanson  Take back your toys qui figure sur le dernier album : « Take back the toys that you gave to me / I never knew what to do with them anyway / (...) I’ll stick to pebbles and boulders and blocks ». (« reprends les jouets que tu m’avais donné, je n’ai jamais su quoi en faire de toute façon, je retourne à mes jouets rudimentaires»)
NA : Ah ah ah. Je suppose que tu peux le voir comme ça oui, mais ce n’était pas le cas. Quand on a fait the Black and White Album, on l’a vraiment pensé en deux parties. Une moitié complètement Hives et l’autre où on essayait de s’en éloigner autant que possible. Selon moi, c’était une démarche nécessaire à l’époque. Il y a un moment où dès que tu commences à jouer quelque chose, ça sonne beaucoup trop comme toi-même. On s’est retrouvés dans une position un peu schizophrène qui consistait à vouloir en priorité martyriser notre propre son. On a eu bien sûr envie de faire des chansons très directes comme Tick Tick Boom mais on tenait vraiment à repenser ce qui était devenu des réflexes. Pharrell Williams ou Timbaland nous ont aidé à aller dans ce sens car ils ne viennent pas de la même culture. On avait besoin d’aller voir plus loin pour revenir à notre son et l’apprécier à nouveau.

Crédit photo @ Wunderstudio
 
Qu’est ce qui vous prend le plus de temps : écrire de nouvelles chansons ou griffonner de nouvelles idées pour les shows ou les uniformes ? Je veux dire : vous êtes réellement des control freaks ?
NA et CD : yeah.
NA : Mais contrairement à ce qu’on peut penser, ces idées nous prennent peu de temps. L’idée des costumes et hauts de forme prend dix secondes pour exister. Bien sûr après, il faut que quelqu’un le fasse, que tu en discutes et accessoirement, que tu alignes des dizaines de milliers d’euros pour qu’ils existent pour de bon, ah ah. Les chansons par contre nous prennent énormément de temps. Ce serait sur ce point qu’on serait les plus control freaks. Ca nous prend des siècles. Pour Veni Vidi Vicious, je me rappelle qu’on a travaillé sur une seule chanson pendant un an et demi. Quand on est entré en studio, on avait seulement quatre chansons et on s’est dit ’wow’. Ne t’étonne pas qu’on ait jamais dépassé les douze chansons par album dans ces conditions, ah ah. Les deux derniers albums sont les seuls pour lesquels on a enregistré plus de chansons qu’on en a mis sur le disque. Sinon on sélectionne en aval, on n’enregistre que ce dont on est absolument sûrs.
Est-ce que ce genre de concept global est plus difficile à véhiculer aujourd’hui avec l’ère de la musique digitale et du coup, la disparition du pack pochette/livret ?
CD : On pense encore des disques selon le schéma traditionnel. On met pas mal d’énergie dans le livret et la pochette d’ailleurs. C’est mieux sur vinyl c’est vrai, mais quand tu achètes de la musique digitale, tu as en général aussi les fichiers des visuels. Ca s’améliore un peu à ce niveau-là. On pense surtout au concret, c’est certain.
NA : Le mp3 a rédéfini la façon d’écouter la musique. Tu écoutes les albums différemment. Tu gardes souvent une seule chanson sur ton lecteur, peut-être deux. On a rien contre ça, j’ai toujours aimé les 45 tours et c’est probablement la même logique. On pense nos disques en tant qu’albums, que recueils homogènes de chansons, mais ils peuvent aussi être vus comme un assemblage de plusieurs 45 tours. Les Rolling Stones sortaient des 45 tours dans les années 60, et quand ils avaient sorti assez de chansons, ils collaient tous ces singles sur un album. Les mêmes chansons. Une compilation en quelque sorte. J’aime penser qu’on réfléchit des deux façons à la fois. 

Crédit photo @ Nicolas Fontas

 
Vous vous sentez plus en sécurité avec des ninjas sur scène ?
NA : En fait, parfois, c’est plutôt flippant. Hier soir, j’étais dans un coin sombre et je me suis retrouvé face à deux yeux qui me fixaient.
CD : Un de ces mecs est avec nous depuis 12 ans. Ca me suffit pour me sentir en sécurité.
J’espère que vous n’êtes pas en train de me dire que ce ne sont pas de vrais ninjas.
NA : Non, mais ils pourraient t’apprendre deux ou trois trucs, ils y prennent goût.
 Vous en doutez depuis l’intro mais sur cette vidéo, on voit clairement un ninja taper sur une cowbell.
Vous avez toujours réussi à rester marrants sans tomber dans le burlesque ou devenir un comedy band. C’est difficile sur la durée ?
CD : Quand tu écoutes les chansons, tu sens que c’est plus que ça. On ne cherche pas à être drôles en priorité. Ca vient plus tard, parce quand on répète ou qu’on enregistre, c’est si dramatiquement sérieux. Je pense que c’est notre patte perso, de savoir allier les deux naturellement à la fin du processus.
NA : Ce qui tient le truc, c’est la qualité des chansons. Si les gens nous trouvent convaincants et qu’on les fait rire, tant mieux, mais si les chansons étaient ridicules, le reste ne tiendrait pas : on nous prendrait pour des guignols et ça semblerait un peu pathétique.
D’habitude, quand il y a deux frères dans un groupe (NdR : Nicholaus Arson est le frère du chanteur Pelle Almqvist), ils tentent de s’entretuer à un moment donné. Jesus and Mary Chain, les Kinks, Oasis ... Vous gérez plutôt bien le problème depuis le début.
NA : On se battait davantage quand on était jeunes. Depuis qu’on est dans les Hives, on a du arrêter ce genre de conflits car il y a d’autres personnes en jeu, c’est contre-productif. La recette est souvent la même en effet : les gars s’opposent, le groupe se sépare. Donc on s’arrange : quand Pelle va dans un sens, je pars en général à l’opposé et tout est ok.

Crédit photo @ Nicolas Fontas
 
Quelle est la meilleure chanson qu’auraient pu écrire les Hives mais qui a été écrite par un autre groupe ?
CD : On a sorti un EP avec des reprises totalement dans cet esprit-là, ‘Tarred and Feathered (NdR : 2010). Il y a des chansons de Joy Rider and Avis Davis, des Zero Boys et de Flash and the Pans.
NA : Sinon, ce serait probablement une chanson des Misfits. J’aurais adoré écrire une chanson comme ‘Skulls’. Ah non, ‘Bullet’, voilà. J’aurais adoré écrire ‘Bullet’.
CD : Pour moi, ce serait sans aucun doute ‘Moon over Marin’ des Dead Kennedys.



 
Vous êtes arrivés sur le devant de la scène pendant le revival rock du début des années 2000. Maintenant il n’y a plus tant de rock que ça. L’electro est le truc principal. Vous vous sentez parfois isolés ?
NA : Pas vraiment. Quand on a formé le groupe au milieu des 90s, tous les groupes qu’on aimait étaient underground et existaient à une échelle modeste. On a longtemps pensé qu’on vivrait la même chose. On s’en sort bien mais s’il fallait revenir à un format plus rugueux, on le ferait sans problème. Je ne sais pas à quel niveau fixer la consécration. Est-ce que c’est juste de dire que le meilleur groupe punk est celui qui a eu du succès et fait le break vers le mainstream ? C’est mieux de pouvoir trouver tes disques partout, ça permet de toucher plus de gens, mais est-ce que tu gardes ton âme underground à ce moment-là ? C’est une question très complexe. Le plus important c’est de sentir qu’on n’a pas changé, finalement.

jeudi 1 novembre 2012

FU MANCHU // These go to eleven


Alors que tous les autres groupes feraient le choix inverse en assurant leurs vieux jours sur une major, Fu Manchu retourne au DIY de ses années teenagers dans le garage familial, en montant son propre label après plus de 20 ans de carrière.
Traité sur le skato-nihilisme avec Scott Hill (chant/guitare)
Interview publiée dans Abus Dangereux # 125
Photos par Manu Wino
 


Vous nous aviez habitué à sortir un album tous les deux ans. Qu’est ce qui s’est passé depuis la sortie de « Signs of Infinite Power » (2009) ?
On avait l’habitude de sortir un album, faire une tournée et vite rentrer pour enregistrer le suivant. On a un peu changé de mode de fonctionnement. On a décidé de tout faire par nos propres moyens à partir de maintenant. Ca implique aussi qu’on va devoir tout payer de nos poches, on doit donc prendre plus de temps pour mettre de l’argent de côté.




C’est la seconde tournée que vous dédiez à jouer un vieil album en entier, après « In search of » l’an dernier. C’était justement pour casser ce cycle enregistrement-tournée-enregistrement ?
Oui, en quelque sorte. On n’avait pas prévu de jouer ces disques dans leur intégralité, on avait l’habitude d’ajouter de vieilles chansons aux sets mais c’est le manager qui nous a dit que ce serait cool de marquer le coup pour les 15 ans du disque. On a réédité le disque et on pensait jouer quelques shows. C’est aussi parce qu’en tant que spectateur, j’avais pris du plaisir à aller voir des mecs comme Monster Magnet rejouer « Spine of God » que je me suis laissé facilement convaincre.
Bon, et maintenant ? « King of the Road » ?
Ah ah, oh mec je ne sais pas. C’est tentant parce que tout le monde a envie qu’on le joue, mais la priorité est plutôt de sortir un nouvel album.
Vous jouez ces disques qui ont quinze ans. Ce n’est pas le meilleur moyen de rester authentique finalement : penser comme si tu avais quinze ans ?
Oui c’est un moyen très sûr, ah ah. Blague à part, il y a plein de ces chansons qu’on n’avait jamais joué en live et d’une certaine façon, ce sont comme des nouvelles compos qu’on joue au milieu des classiques et d’autres qu’on joue de temps à autre. C’est l’avantage d’avoir attendu quinze ans: c’est tellement loin qu’on a oublié et qu’on a l’impression que c’est du neuf.


L’album « Action is Go » finit sur la chanson « Nothing done » (NdR : rien n’est fait/ tout est à faire). Quinze ans plus tard, tu considères que vous en avez fait un peu plus ?

Mmm.
« Non. »
Ah ah, « non ». Je ne sais vraiment pas. On est sur ce cycle irrémédiable disque-tournée-disque-tournée, comme on disait tout à l’heure. Tant qu’on prend du plaisir à rentrer dans cette démarche, on ne se pose aucune question de ce genre. Le truc c’est de continuer à pousser pour bien faire les choses.
Tu as la sensation que vous avez réussi à garder la même fraîcheur que quand « Action is Go » est sorti ?
Je suis mal placé pour en juger mais je peux te dire qu’à cette époque là, on partait en tournée pour neuf mois après chaque disque et que je serais foutrement incapable de faire la même chose aujourd’hui. Pour tout le reste, l’esprit est complètement le même.

Vous sortez ces rééditions sur votre propre label. Est-ce que ça signifie que votre prochain album sera autoproduit ?

Oui. On a pris la fin du contrat (NdR: pour deux albums) avec Century Media comme une opportunité de se lancer, faire tout ça nous-mêmes. Au moins tenter le truc, on verra si ça marche. On a déjà sorti les rééditions, on s’était chargés de 45 tours et de EPs, mais ce sera la première fois sur un vrai album et on sait que ça va nous coûter beaucoup d’argent.
Vous allez faire la totale DIY et le produire aussi ?
Je ne sais pas. Je pense que c’est toujours constructif quand tu as un avis extérieur. Une paire d’oreilles qui va entendre un truc qu’on n’entend pas car on est dans nos habitudes. Neuf fois sur dix, on a bossé avec un producteur et ça s’est parfaitement bien passé, donc on n’est pas forcément dans cet état d’esprit.
Avec la mutation de la musique à cause d’internet, le changement d’habitudes avec le téléchargement gratuit et la victoire globale de la musique mainstream des major labels, penses-tu que les groupes indé vont tendre à revenir à ce format DIY dans un futur proche ?
Oui, pour nous c’est indéniable. On ne sera jamais un groupe mainstream ou le buzz de l’été, et on a grandi en écoutant les groupes de punk comme Black Flag. C’est un état d’esprit qui est inscrit en nous. Pour ce qui est des téléchargements, je crois qu’on est protégés car on sort des vinyls et qu’on y tient. Les gens qui achètent des 33 tours ne sont pas forcément dans la tranche de consommateurs de musique qui chargent systématiquement tout.



La scène stoner a été importante dans le retour du vinyl. Dans les années 90, tous les disques de la scène US sortaient dans ce format quand tout le monde l’avait laissé tomber. 

C’était naturel. J’ai grandi en achetant des vinyls et je n’ai jamais arrêté. C’est impensable qu’on sorte nos disques autrement. Je trouve que le CD n’offre pas la même émotion, ne parlons même pas du mp3.
C’était difficile d’imposer le gravage de vinyl dans les années 90, quand la production était au plus bas et qu’on parlait de la disparition du format ? 
C’était plutôt marginal. C’étaient des tirages à ... 3000 exemplaires peut-être. Ok, c’est plus cher à produire mais ça vaut la peine, et les gens adorent mettre la main dessus. Je vois ça comme un échange supplémentaire.
Tes chansons parlent de skate, de filles, de science fiction et de voitures. T’en as authentiquement rien à foutre ?
Ah ah non, j’en ai vraiment rien à foutre. Vraiment rien. Tu ne trouveras jamais de revendications politiques ou religieuses dans nos textes. Ca m’énerve toujours d’avoir à entendre des groupes geindre ce genre de trucs. C’est juste la musique qui m’intéresse. J’en ai vraiment rien à tamponner de ce que peut bien penser ce gars sur l’actualité. Finalement, les voitures et la science fiction ont plus d’intérêt dans ce contexte. On ne prend pas tout ça trop au sérieux. Ah ah, j’en ai vraiment rien à foutre. C’est toi qui l’a dit, t’as parfaitement raison. On en a totalement rien à foutre. C’est notre spécialité.

samedi 18 août 2012

Meeooow : mon top 6 des Catwomen


Dans le buzz du dernier Batman (seule la sonde Curiosity a pu y échapper), tout le monde s’est un peu perdu dans les comparaisons. En attendant que quelqu’un se colle au top du justicier noir où George Clooney serait dernier, je me suis attelé à celui – très personnel – des Catwomen, qui me semble plus intéressant. 

Mm, la direction d’acteur des Batman a été relativement simple depuis qu’Adam West a pris sa retraite : « fais la gueule, parais mystérieux, sois orphelin, essaie de tromper la rigidité de ton costume pour tourner la tête de façon évocatrice ». Au point d’être relégué au second plan dans le deuxième film de Burton, Batman returns (le Défi en VF), et le troisième de Nolan (the Dark Knight rises). De façon intéressante, ce sont les deux films où la bouffeuse de croquettes apparaît à ses côtés.

 
Dans la série TV the Big Bang Theory, Sheldon établit son top 5 des Catwomen (saison 2 épisode 1). C’était avant qu’Anne Hathaway enfile sa combi dans le film de Nolan: elle ne rentre donc pas dans le calcul pointilleux du Dr Cooper.

"- Please, go to sleep. 
 - I'm trying. I'm counting Catwomen."

Liste de Sheldon
  1. Julie Newmar
  2. Michelle Pfeiffer
  3. Eartha Kitt
  4. Lee Meriwether
  5. Halle Berry



Purrrr-fect !
A noter: deux actrices noires ont interprété Catwoman. Trois brunes et une blonde aussi pour les statisticiens. Une mixité totale qui rend le personnage très intéressant. Le fait qu’elle représente une femme forte et indépendante dès les 60s aussi. Une Riot Grrrl avant l’heure. C’est d’ailleurs assez étrange que les deux impersonnifications les plus plates, celles où le personnage est le plus sexistement gadgettisé, soient les deux plus récentes. 


  1 /  Lee Merriwether
Lee Merriwether n’a fait que le film de 1966 mais elle a jeté les bases pour toutes les suivantes. Mon choix aurait dû se porter sur Julie Newmar vu qu’elle est la titulaire du rôle dans la série TV et que c’est elle qui a fait des modifications sexy sur le costume (descendre la ceinture sur les hanches, par exemple), mais j’invoque tout l’arbitraire concédé par ce blog pour justifier ma position absurde. Lee Merriwether me paraît plus vénéneuse, porte davantage cette notion de danger potentiel, et même si le film s’appuie sur son potentiel burlesque, c’est un détail qui fait que son personnage est le super vilain qui tient le plus la route.


2  /  Michelle Pfeiffer
La gothique Michelle Pfeiffer cristallise un peu toutes les lubies de Tim Burton (d’Edward aux Noces Funèbres) et du coup, bénéficie de la meilleure définition/écriture de toutes les Catwomen. Le personnage est dingue et sexy, et on nous explique pourquoi. On entend toujours parler de son costume « SM » mais le truc c’est surtout que Selina Kyle n’a pas une thune et qu’elle le conçoit elle-même quand elle est noyée dans son instinct nouvellement noir. Ce costume a une histoire (dis-je en fixant de manière insistante et peu subtile le Speedo d’Anne Hathaway).


 3  /  Anne Hathaway
Peut-on jouer Catwoman sans donner dans l’expressionisme allemand ? Catwoman nécessite plus que tout autre personnage DC Comics de la jouer pompier. Lee Merriwether miaule, chaque mouvement de Michelle Pfeiffer est félin ... Anne Hathaway se permet de la jouer économe et finit en combi de plongée sans fioriture, utilisée comme un gadget sur la batmoto. Elle finit même en girlfriend domptée de Bruce Wayne. Wow. Elle reste ok, et à chaque scène, elle semble se demander ce qu’elle aurait pu faire avec un rôle plus épais. Je veux dire ... elle choisit d’être dans le camp des gentils parce qu’un kid mexicain se fait voler une pomme !? Sérieusement ?
C’est pour cette question que je la classe troisième. Le retour aux sources - la série TV - était prometteur. On pense que Nolan a voulu revenir à un personnage proche de Julie Newmar mais Hathaway a repoussé la comparaison en affirmant que son inspiration était l’actrice Hedy Lamarr.

4  /   Julie Newmar

Elle était en concurrence avec Lee Merriwether pour la première place et Julie Newmar se retrouve 4e !?? Lists are bitches, dudes. Julie Newmar est en général la catwoman préférée des nerds, car elle a eu deux saisons de la série pour s'exprimer et parce qu'on lui doit le costume original.


  5  /  Eartha Kitt
Je ne juge que la prestation en Catwoman et il s’agit de la dernière saison de la série TV, moins bonne et moins restée dans les mémoires. Mais Gosh !! Quelle personne incroyable.
En 1967, son rôle lui est attribué après la lutte pour les droits civiques initiée par Martin Luther King, et précède la blaxploitation qui commence en 1971. Elle doit sa conception à un viol. Elle a une carrière de chanteuse ou elle enregistre en dix langues différentes. Elle critique la guerre du Vietnam pendant un dîner à la Maison Blanche et a été qualifiée de « femme le plus excitante du monde » par Orson Welles quand il l’a fait tourner son Hélène de Troie. De Catwoman, elle a au moins gardé les neuf vies, uh.
« I want to be evil »
Pour l'anecdote, une de ses chansons a été bannie des radios. Une fille de couleur cultivée qui chante au sujet de la libération sexuelle et de l'indépendance des femmes en flirtant avec l'avant-garde ... ça fait beaucoup de tabous dans un pays où les blancs ne toléraient pas que les minorités soient assises dans le bus.


 
Dernière à vie (peu importe combien d’autres Catwomen apparaitront à l’avenir)   /  Halle Berry

Le Catwoman avec Halle Berry fait passer Daredevil pour un Orson Welles dans sa période où il chie du génie. Un des plus mauvais films de l’histoire, mais hey, c’était écrit pour être rentable pas pour révolutionner le cinéma. Le projet avait été lancé après le succès de Batman Returns et on parle d'un nouveau spin-off après le buzz du dernier épisode de la trilogie, avec Anne Hathaway qui garderait son rôle cette fois. "Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre" // Winston Churchill.
 
Il y a eu aussi Lotis Key dans Fight Batman Fight ! (1973) et Sofia Moran dans Batwoman and Robin (1972) mais aucune photo n’est disponible et ce sont des apparitions plutôt anecdotiques.

vendredi 27 juillet 2012

TURBONEGRO: denim is back in style


Turbonegro est un groupe à part: il a connu le succès au bout de presque dix ans d’existence et a encaissé trois destructions importantes, dont une s’est passée dans la salle d’attente d’un hôpital psychiatrique à Milan. Personne ne s’en serait relevé. Peau dure et humour blitzkrieg. Gimme deathpunk, baby ! Sorti sur le label Volcom, Sexual Harassment est un retour à l’esprit Ass Cobra, l’album punk et massif de 1996, plus proche que jamais de leur plus grande influence, the Dictators. Seuls représentants de ce style qu’ils ont appelé le deathpunk, Turbonegro est toujours dans ce mélange parfait entre Alice Cooper et les Stooges. Les Stones joués par Motörhead !?

On a rencontré Happy Tom (basse) et Tony Sylvester (chant) lors du rassemblement annuel du fan-club du groupe à Hambourg, la Turbojugend. Un club Mickey pour buveurs de bières. Organisés comme des chapitres de Hells Angels et hurlant que le denim est bien plus rock que le cuir, ce sont des cohortes de vestes en jean venues du monde entier qui envahissent la petite salle de Sankt Pauli.
Interview de TRBNGR parue dans Abus Dangereux # 124 
Team work avec Guillaume Gwardeath


TRBNGR entre sur scène @ Hambourg


Vous ressemblez au méchant dans les mauvais films : vous ne mourez jamais. Turbonegro continue alors que n’importe quel autre groupe aurait classé l’affaire.
Rune Rebellion (qui checke ses mails) : le puits du Deathpunk n’est pas encore vide.
Happy Tom : Etre dans Turbonegro est la meilleure chose que nous puissions faire, sans aucune discussion. On voulait vraiment jouer à nouveau.

La Turbojugend s’est développée après le split du groupe en 1998 et a connu une deuxième jeunesse pendant le hiatus avant l’arrivée de Tony. Ca a été une motivation pour revenir à chaque fois ?
Happy Tom : Il y a trois ans, tout a explosé et nous ne pensions pas rejouer ensemble un jour. On était à la fois tristes et soulagés. On tournait en rond chacun de notre côté et j’ai rencontré Knut (NdR : Schreiner, A.K.A Euroboy, guitar hero) dans la rue : « Damn mec, j’ai envie de rejouer ». C’était la motivation première. Alors on s’est dit qu’on allait venir jouer pour le rassemblement de la Turbojugend, c’était l’été dernier. Selon le plan initial, on devait inviter plusieurs chanteurs qui feraient chacun 2 ou 3 morceaux. Et puis Tony est venu passer un week-end à Oslo. On l’avait mis sur une liste de chanteurs potentiels. Il connaissait si bien le groupe, il comprenait l’esprit. Après quelques jours, j’étais assis chez moi, sûrement en train de me tripoter dans l’obscurité et j’ai eu une révélation : « Fuck ! Tony !! ». On a fait une audition, un peu comme dans Fame, et le reste n’est que postérité. Jouer pour la première fois avec lui devant notre fan-club, c’était un test. Les fans peuvent être très conservateurs, tu sais. Ils peuvent devenir très négatifs si un changement survient. Il y a beaucoup de nostalgie aussi : la plupart des gens voudraient que tout ce qu’on fait ressemble à Ass Cobra et Apocalypse Dudes. Alors très honnêtement, on s’attendait au pire. Et le public a adoré. L’ambiance était dingue. Ce n’est plus le même groupe, il y a beaucoup d’éléments différents bien sûr, mais ça reste complètement Turbonegro. Les gens l’ont accepté de façon étonnamment souple.
Tony Sylvester : J’aimerais vraiment remercier la Turbojugend pour ça. Ca m’a apporté beaucoup de confiance pour la suite. Ca a du être un des plus gros moments de tension nerveuse dans ma vie et la réaction instantanée a été extraordinaire. Notre tactique était de ne pas trop anticiper telle ou telle réaction : monte sur scène et joue le putain de concert. C’était un sacré test car ce n’était pas des fans occasionnels, c’était un public pour lequel Turbonegro représente beaucoup.

Crédit photo @ Micha Fluck
 
« Sexual Harassment » sonne comme un retour aux années Ass Cobra (1996). Très punk.
Happy Tom : On voulait vraiment faire un disque qui nous ramène aux bases du groupe. C’est à mon sens un très bon album. On en est tous très contents.
Le chant de Tony est plus rauque que celui de Hank. Ca a changé votre façon de composer ?
Happy Tom : Non, à part qu’on ne s’accorde pas exactement pareil. Il n’y a pas que le côté brut chez Tony, il y a aussi beaucoup de mélodie. Je dirais que c’est un bon consensus entre ces deux mondes, mais on n’a pas écrit de chansons en jouant sur ces spécificités.
Tony, tu as fait deux shows avec le groupe avant de rentrer en studio. Tu aurais préféré jouer davantage les nouveaux morceaux devant un public avant de les enregistrer ?
Tony Sylvester : Non, je pense que c’était ok, mais en même temps ça a été le critère principal quand on a sélectionné les chansons pour le cut final : l’impact qu’elles pourraient avoir sur le public live. Ca a été assez marrant de jouer les nouvelles chansons avant que le disque ne sorte car ça a encouragé les réactions spontanées.
Crédit photo @ Keith Marlowe
 
Comment avez-vous atterri sur le label Volcom ?
Happy Tom : J’ai dans mes amis d’enfance quelques champions de snowboarding. Ca fait des années que ces mecs avaient des stickers Volcom sur leur surf. A l’époque, c’était peu connu. Un nouveau sponsor, petit mais engagé dans ce qu’il soutenait. Il y avait en parallèle du matériel de surf un minuscule label qui sortait des 45 tours. C’est alors que toute la partie textile est devenue gigantesque. Le label est restée minuscule, mais avait des sorties régulières. C’est devenu un des petits labels les plus solides en restant intègres. On a toujours été directement connectés aux mondes du skate, du snowboard ou du surf (NdR : et Bam Margera de Jackass avait fait le lien en choisissant All my friends are dead comme générique de son émission). Volcom US a toujours été proche de nous. Ils ont même payé pour un bus de tournée alors qu’on n’était pas signés chez eux. Ils viennent d’être rachetés par une compagnie française, les propriétaires de Puma, et tout le monde était inquiet car on pensait que les nouveaux boss se débarrasseraient de la partie label qui ne fait pas d’argent. En fait, ce doit être des mecs très rock’n’roll car ils ont confirmé leur envie de développer le label. Bref, on a enregistré ce disque et on est allés les voir. Je crois qu’ils avaient toujours espéré signer le groupe donc ça a été une affaire réglée plutôt rapidement. C’était une démarche très naturelle. On n’avait pas envie d’être un petit groupe sur un gros label. On est le plus gros groupe signé chez Volcom et ça nous semble être une bien meilleure situation.

jeudi 26 juillet 2012

Resident Evil, Romero & Z-Movies


Resident Evil 6 sort en novembre et une campagne virale a été lancée sur le web depuis le début d’année. L’occasion de se repencher sur ce jeu vidéo, mais aussi sur les interactions entre le jeu, George Romero et les films de zombies.

Premier Resident Evil en 1996. Le pitch : Raccoon City, petite ville du midwest américain où est basée la multinationale pharmaceutique Umbrella, voit ses habitants commencer à agir weirdo. Si on transpose en France, les zombies débarqueraient donc à Agen, à cause des laboratoires Upsa. Ca impressionne déjà moins.





Bon, passons sur le scénario. Le génie du jeu a été de placer la caméra derrière le personnage, en légère plongée. On a donc :

1)   toujours l’impression d’être menacé
2)   l’impossibilité de voir ce qui se passe derrière nous
car oui, Resident Evil est un jeu vraiment flippant, au pire anxiogène pour les plus résistants. On a tous en tête des scènes de ce jeu qu’on évoque comme on le ferait avec des scènes de films d’horreur. Je pense finalement que c’est à ce niveau-là que le jeu a gagné ses lettres de noblesse pixellisées. C’est de la pure série Z. Le jeu reprend les zombies de George Romero. Il y a des hommages marqués à Massacre à la Tronçonneuse, New York 1997 ou Alien. Il reprend des idées du genre post-apocalyptique et on pense même parfois à Lovecraft (mythe de Cthulhu). Les mecs qui ont fait ce jeu ont passé plus de temps auprès de Wes Craven qu’à se palucher sur Mario.

  Chaque épisode du jeu s’est vendu à plus de 5 millions d’exemplaires et je pense vraiment qu’il y a un jeu de vases communicants : on a pu observer un retour à Romero après la sortie de Resident Evil, et on a subi la prolifération des films de zombie depuis ... pour le pire et le meilleur, euphémisme. Un des pires est ironiquement la première adaptation du jeu avec Milla Jovovich et Michelle Rodriguez. La plupart raconte la même chose (un pur survival nihiliste). Ruez vous donc sur les références du genre que vous devez débusquer dans un bac à solde : la Nuit des Morts Vivants (1969), le premier du genre, et Zombie (dawn of the dead en VO – 1978) où Romero utilise le zombie comme allégorie socio-politique. Histoire de renvoyer l’ascenseur pour le retour en grâce, George Romero a réalisé la pub pour la sortie de Resident Evil 2 en 1998. Plus de films, plus de jeux etc etc pour en arriver à Walking Dead (la BD) qui complète la trilogie de l’excellence en putréfaction.

A noter ce truc hyper cool : le jeu s’appelle Biohazard au Japon et Capcom a du changer le nom à l’international à cause du groupe US de métal/hardcore.



jeudi 5 juillet 2012

Turbonegro // Sexual Harassment


Le syndrôme Sammy Hagar veut qu’un groupe dépérisse s’il change son chanteur. Van Halen avait frôlé le baillement perpétuel avec ce gars, il mérite de donner son nom au phénomène. Seule exception de l’histoire : AC/DC où Brian Johnson a simplement lancé une autre époque à réussite équivalente. Alors quand Hank Von Helvete est parti, le public a enclenché les rites funéraires pour Turbonegro. Et - twist à la M Night Shyamalan - les norvégiens ont annoncé qu’ils continuaient avec l’anglais Tony Sylvester, le Duke of Nothing, président de la Turbojugend London.



Retour à l’esprit Ass Cobra (punk et massif, deux ans avant le climax Apocalypse Dudes), plus proches que jamais de la plus grande turbo-influence, the Dictators. Les Stones joués par Motörhead, dans les sneakers des Ramones.
Le débat 2.0 a rugi. Pas mal de gars n’ont pas écouté le disque, n’ont pas vu le nouveau line-up en concert mais ils sont sûrs d’une chose : c’est nase. Le Duke a passé l’examen devant la Turbojugend à Hambourg, est sorti indemne du grill de la maison mère à Oslo. Il a mérité son badge d’authenticité.


La Turbojugend est restée droite dans ses Converse. "We don't give a shit better than anyone else". On a le fan club que l'on mérite.


Seul bémol pour atténuer le propos, le groupe aurait peut-être du attendre la fin des festivals pour entrer en studio, histoire que Tony soit bien intégré et parfaitement à l’aise dans son nouveau rôle. Il y a des morceaux qui resteront dans les setlists comme les terribles Mister sister, You give me worms, ou Shake your shit machine, à un degré moindre TNA (the nihilistic army), I got a knife et Rise below. Mais il y aussi des chansons ratées où on sent que l'intention est un peu forcée (Hello darkness, Buried alive).
D'autres choses ont eu l’air précipitées, comme le clip de You Give Me Worms qui a cédé aux avances skate de Volcom (le nouveau label, qui s'occupe aussi de Valient Thorr) au détriment du deathpunk froid mais drôle auquel le groupe nous avait habitué.